Le 25 mars 1911, à New York, au cœur de Greenwich Village, l’atelier textile Triangle Waist Company (TWC) est ravagé par un incendie. Il est 16 h 40 ce jour-là et près de 600 personnes sont au travail. Les portes sont fermées, il n’y a pas d’issues de secours hormis un fragile escalier métallique extérieur. Une étincelle, jaillie peut-être de l’une des rares lampes à gaz qui éclairent les rangs de couseuses, suffit à déclencher l’irréparable : 146 personnes trouvent la mort en dix-huit minutes, essentiellement de très jeunes filles, immigrées d’Italie ou d’Europe de l’Est, qui confectionnent des chemisiers. La tragédie marque un tournant dans les luttes ouvrières et féministes aux États-Unis. La pièce est écrite en trois parties.
La pièce de Laura Sicignano, Étincelles, évoque cette tragédie du point de vue de Caterina Maltese, une paysanne qui a quitté l’Italie avec son mari et ses deux filles pour fuir la misère. Monologue à plusieurs voix, le texte mêle à la grande Histoire celle des petites gens. Les espérances de ces trois femmes, d’une grande humanité, se brisent contre plus fort qu’elles. De l’évocation poétique du quotidien au récit bouleversant de la tragédie, les personnages de Laura Sicignano nous transportent au cœur du mythe américain, rêve et déchirement de tant d’émigrés européens.