Dans la Barcelone des années cinquante, un jeune couple modeste ne parvient pas à avoir d’enfant. Alors que lui travaille dans une menuiserie, elle passe ses journées à la maison entre ses tâches ménagères et son frère qui ne parle plus depuis, qu’enfant, il a vu sa mère mourir dans un bombardement, un vendeur à domicile qui passe tous les jours pour essayer de lui vendre une machine à laver - une Bru parce que c’est la meilleure-, et le sous-locataire avec qui elle écoute la radio l’après-midi.
Quand le mari rentre le soir, tout est prêt, immuable, pour l’accueillir. Dîner et essayer de faire un enfant. Mais les silences qui jonchent leur quotidien laissent apparaître les failles de leurs existences. La femme rêve d’une autre vie sans vouloir se l’avouer. La machine à laver lui offrirait une liberté que le mari refuse. Confiné malgré lui dans les modes de pensée et d’actions imposés par l’époque et par la dictature, il n’a d’autre rêve que celui de fonder une famille unie, nombreuse, laborieuse et sans remous. La femme, elle, peine à étouffer ses aspirations. Et les figures qui traversent leur vie : le frère, le vendeur, le sous-locataire, l’entrainent dans l’évasion. Le frère écrit, dessine et passe ses journées sur la terrasse à scruter le ciel. Le vendeur vient à domicile faire l’article du progrès et de la modernité tout en lui racontant sa propre histoire avec sa femme qui est partie, qui a fui ce pays. Quant au sous-locataire, dont personne ne saurait soupçonner que tous les soirs il est transformiste dans un cabaret, il est pour elle, l’aventure, le voyage, l’autre vie : celle qu’ils s’inventent tous les deux, s’imaginant mener une existence d’artiste à Paris.
Et puis tout s’enchaine : le mari préoccupé par l’enfant qui ne vient pas, par les bizarreries de sa femme et son étrange relation avec le sous-locataire qu’il désapprouve, va se couper les doigts à la menuiserie. Il est maintenant forcé de rester à la maison, son autorité d’époux, de chef de famille est bafouée. Le frère finit par disparaître vers un ailleurs mystérieux et le sous-locataire va gagner à la loterie et offrir la fameuse Bru à la femme.
Pourtant la femme ne parviendra pas à s’émanciper pour de bon. Le mari chassera le sous-locataire et revendra la machine. L’enfant viendra sans doute et la famille sera certainement unie, nombreuse, laborieuse et sans remous.