Écriture

  • Pays d'origine : Autriche
  • Titre original : Hamlet ist tot. Keine schwerkraft
  • Date d'écriture : 2007
  • Date de traduction : 2009

La pièce

  • Genre : comédie tragique
  • Nombre d'actes et de scènes : 26 scènes (découpage à titre indicatif par l'auteur).
  • Décors : ad libitum
  • Nombre de personnages :
    • 6 au total
    • 3 homme(s)
    • 3 femme(s)
  • Durée approximative : 1h45
  • Création :
    • Période : 2007
    • Lieu : Schauspielhaus de Vienne. (www. schauspielhaus.at)
  • Domaine : protégé : Fischer Verlag, Francfort, pour le domaine allemand, représenté par l’Arche Edtieur en France.

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Dans un lieu mal défini, mais qui pourrait être une sorte de tribunal, 6 personnages ont pour tâche de raconter un évènement, mais chacun le voit à sa manière et va s’efforcer, tout au long de la pièce, d’emporter le morceau auprès de l’audience. Par souci de vérité ? Pour se racheter ? Pour tirer son épingle du jeu ? On va donc « rejouer » les épisodes - depuis ce qu’on croit être le commencement - qui ont mené à la catastrophe.

On ne sait pas – ou plus- trop à quoi cette catastrophe a ressemblé.

L’histoire pourrait se raconter ainsi : Mani (Manuel) et Dani (Danielle), un frère et une sœur au début de la trentaine, rendent visite à leur parents Kurt et Caro, pour l’anniversaire de la mère de Caro, qui fête ses 95 ans. Or il se trouve que le jour de l’anniversaire de la grand-mère est aussi celui de l’enterrement de leur vieux copain Hannes, qui a mal tourné, et que son père a abattu d’un coup de fusil (s’en réservant un autre pour se tuer lui-même, sans succès).

Le repas d’anniversaire est sinistre ; de lourds sous-entendus courent sur les circonstances de la mort de Hannes, et Caro se plaint auprès de ses enfants que vivre avec la grand-mère est un enfer (elle ne meurt pas exprès, dit Caro). Mani et Dani partent à l’enterrement.

A l’enterrement, Mani et Dani tombent sur deux autres vieux copains, Bine (Sabine) et Oli (Oliver). Jadis, tous les quatre étaient inséparables, comme les quatre angles d’un carré. Mais les axes du carré ont tourné. Il y a d’abord eu Mani/Oli et Dani/Bine, puis Mani/Bine et Oli/Dani, puis… Oli/Bine et Dani/Mani. Ces retrouvailles font remonter de vieux conflits, de vieilles rancoeurs. Le « changement d’axe » du carré a en effet conduit à la création d’un couple d’un genre particulier : celui du frère et de la sœur qui, depuis qu’Oli et Bine sont partis et se sont mariés, n’ont pas pu avancer dans leur vie, et vivent ensemble.

Mani et Dani ont d’ailleurs élaboré toute une théorie sur la mort de Dieu, le ciel devenu vide, et cette machine qui remplace Dieu, et qui décide arbitrairement à qui elle distribue un numéro. Seuls s’en sortent, sur terre, les êtres qui ont un numéro, qui sont l’ « axe des numéros » ; seul cet axe permet d’aller plus loin, d’avoir un avenir. Et il est clair qu’il n’y a pas de numéro pour tout le monde !

A la fin de l’enterrement, Dani invite Oli et Bine à passer les voir chez ses parents, le soir même. Les parents seront de sortie. Dani sera avec Mani (comme toujours).

Le repas d’anniversaire se poursuit au retour de l’enterrement. Là, Caro avoue à Dani que parfois, elle songe à tendre du fil de pêche en haut de l’escalier qui mène aux chambres ; comme cela quand la grand-mère descendra, la nuit, pour aller aux toilettes, elle tombera, et c’en sera enfin terminé d’elle. On sent qu’elle a honte de penser cela. De son côté, Kurt raconte dans les moindres détails à Mani ce qui a conduit le père de Hannes à tuer son fils avant de tenter de se donner la mort. On sent qu’il prend un certain plaisir à raconter cela.

Le soir venu, les parents sont  de sortie, Dani et Mani reçoivent Oli et Bine, et toutes les tensions accumulées au fil de cette journée, mais aussi au fil des années, vont exploser. Il y aura au moins un mort : la grand-mère. Tuée par qui ? Caro ou Dani ? Deux coups de feu vont conclure la pièce ; réminiscences de ceux qui ont tué Hannes ? Ou tirés par Kurt, sur ses deux enfants, prêts à consommer leur inceste ? Le mystère ne sera pas dévoilé. A chacun sa vérité.

Regard du traducteur

Ewald Palmetshofer sait comme peu de jeunes dramaturges transformer en langage scénique sa vaste connaissance de la philosophie, de la psychologie et de la théologie. Ce dont il est question dans Hamlet est mort. Gravité zéro, et sur un mode hautement comique, c’est du vide. Vide intime et vide social lorsque, dans un monde qui n’est plus dirigé par la machine-économie, on se retrouve exclu, privé de toute place, comptant pour rien. Mais rien de réaliste ou de naturaliste chez Palmetshofer qui raconte cette histoire sur plusieurs modes, les protagonistes se retrouvant à la fois acteurs rejouant ce qui leur est arrivé, et défenseurs de leur propre vision de la tragédie de la pièce face au public, dans une construction dramaturgique qui donne parfois le vertige.