Incident suspect

de Noam Guil

Traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Israël
  • Titre original : חשש לאירוע [Hashash leIroua]
  • Date d'écriture : 2017
  • Date de traduction : 2023

La pièce

  • Genre : comédie absurde et politique
  • Nombre d'actes et de scènes : 14 scènes
  • Décors : plusieurs lieux (salon, extérieur rue, extérieur implantation, etc.)
  • Nombre de personnages :
    • 6 au total
    • 3 homme(s)
    • 3 femme(s)
  • Durée approximative : 90 mn
  • Domaine : protégé, agent : Shimrit Ron

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Incident inhabituel chez les Blum : la mère, Adina, la cinquantaine, vient de poignarder son mari. Elle contemple son œuvre d’un œil totalement indifférent, incapable d’expliquer le pourquoi de son geste, à part une forte sensation d’ennui. Appelés à la rescousse, son fils, poète contrarié, et sa fille, lesbienne, décident de maquiller ce crime en attentat terroriste. Pour ce faire, ils vont déposer le cadavre de leur père aux abords d’une colonie, dans les Territoires occupés. Le lendemain, le corps est découvert par deux frères, l’un (fervent croyant et un légèrement naïf) est vigile, l’autre, plus malin, est policier de son état. Il flaire tout de suite l’embrouille et estime qu’il est de son devoir de rechercher la vérité. Cependant, la version terroriste ne serait-elle pas ce qui conjuguerait le mieux intérêt général et familial ? C’est là qu’intervient une journaliste de télévision, en plein questionnement intérieur. Elle interviewe en direct les proches de la victime et leur offre une gloire nationale. Le policier zélé ne voulant pas s’en laisser conter, il poursuit son enquête mais deux couples totalement improbables (la fille lesbienne et le pieu vigile, le fils poète et la journaliste) vont se former et unir leurs forces pour entraver ses velléités... Quant à la mère, ne lui reste qu’à constater, une fois de plus, qu’on l’a laissée sur la touche... Cette comédie burlesque se termine par un final grandiose où le mensonge sera préservé grâce à la lumière divine (un projecteur suffira) qui sublimera tous les protagonistes, laissant à terre celui qui cherche la vérité.

Regard du traducteur

Noam Guil est un auteur que je viens de découvrir. Il a écrit une dizaine de pièces. Depuis 2015, il est joué de manière régulière au Théâtre Tmouna, le théâtre qui, en Israël, est le haut lieu de la création « fringe ». Les spectacles proposés relèvent toujours d’une recherche formelle, hors des chemins balisés et ultra-conventionnels des grandes scènes israéliennes. Son style m’a tout de suite interpellée et je dois dire que c’est la première fois, en lisant un nouvel auteur israélien, que je trouve une résonance avec Hanokh Levin. L’écriture est très différente mais quelque chose dans la manière d’aller à l’essentiel et dans le ton justifie cette sensation.

La pièce, qui délaisse la psychologie pour peindre une famille totalement déjantée, m’a séduite par son écriture originale, des dialogues ciselés et très drôles et la manière de traiter des situations absurdes comme si elles étaient totalement banales. Les personnages, construits avec malice, offrent une belle matière à jouer. Enfin, le propos, sans être militant, aborde à la fois le thème de l’emprise de plus en plus forte – jusqu’au ridicule – du religieux dans la société, et celui de la récupération de la menace terroriste à des fins nationalistes.

Parmi les autres textes de Noam Guil que nous avons lus, trois au moins méritent d’être traduits. Nous espérons donc pouvoir le suivre et par là éveiller un intérêt en France pour un auteur qui nous a tout de suite enthousiasmées et qui, à notre avis, mérite d’être connu et suivi.