Kobro / Strzemiński. Le Récit fantastique

de Małgorzata Sikorska-Miszczuk

Traduit du polonais par Agnieszka Zgieb

Écriture

  • Pays d'origine : Pologne
  • Titre original : Kobro / Strzemiński. Opowieść fantastyczna
  • Date d'écriture : 2018
  • Date de traduction : 2019

La pièce

  • Nombre d'actes et de scènes : 12
  • Nombre de personnages :
    • 11 au total
    • 6 homme(s)
    • 5 femme(s)
    • 3 acteurs minimum
  • Durée approximative : 90 mn
  • Domaine : protégé

Édition

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Résumé

Katarzyna Kobro et Władysław Strzemiński naviguent dans des espaces tour à tour oniriques — c’est lEntre-deux, un monde sous-marin où l’on mène des débats autour de l’art — et réaliste, la salle d’audience d’un Tribunal où ces deux époux se battent pour la garde de Nika, leur fille unique. On trouve aussi un bassin d’eau pour des idées à contester. Il est aussi question de la forteresse d’Ossoviets où, pendant la guerre 14/18, l’officier Strzemiński perdit une jambe et un bras. Des personnages défilent : Lénine, Fritz Haber, Homère, Thomas Mann, Michel Houellebecq, etc.

La réalité étant complexe et mouvante, ce n’est que dans et par la fiction qu’une analyse du projet artistique peut advenir.

Katarzyna Kobro développe le langage moderne de la sculpture et Strzemiński celui de la peinture. Elle crée la théorie de la sculpture en tant que forme d’organisation de l’espace, tandis que lui met au point celle de « l’unisme », qui mène à son paroxysme l’idée de l’autonomie organique de la peinture. Tous deux font partie des plus grands représentants de l’avant-garde des années 30, 40, 50. Ils sont à l’origine du premier musée d’art moderne en Europe, le musée de Łódź, ouvert au public en 1931.

La popularité de Strzemiński l’emporte sur celle de sa compagne. La biographie de celle-ci, peu connue, semée de pages blanches, est ponctuée par la présence de Malevitch, Kandinsky, Rodtchenko. Sa souffrance et sa pauvreté apparaîtront plus tard dans le livre de leur fille, Nika. On sait qu’un jour, son mari lui imputant le froid glacial qui régnait dans la maison, elle fit un feu avec ses sculptures en bois. On n’ignore pas non plus que la béquille de Władysław Strzemiński lui servait à battre sa femme.

Ils se rencontrent en Russie en 1916. Elle a 18 ans, lui 23. Avant d’entrer à l’Académie des beaux-arts, elle s’engage comme infirmière volontaire à l’hôpital de Moscou. C’est là que se trouve Strzemiński, après des études à l’école militaire et un passage sur le front qui le laisse amputé d’un bras et d’une jambe. Ils se marient en 1920. Le couple se débat entre l’amour conjugal et l’amour de l’art, entre la sculpture et la peinture, les expérimentations artistiques, les travaux théoriques. Refusant de se plier aux visions imposées par le régime soviétique à un moment donné, sur l’art et les artistes, ils fuient la Russie et s’installent en Pologne. En 1936, naît leur fille Nika. Trois ans plus tard la Seconde Guerre mondiale éclate. Commencent alors leurs violentes disputes et la bataille acharnée pour la garde de leur fille, les nombreux placements de celle-ci à l’orphelinat, leur divorce, la maladie de Kobro, son décès en 1951, puis celui de Strzemiński un an plus tard.

Regard du traducteur

Traduire Małgorzata Sikorska-Miszczuk est un réel défi dû à l’étrangeté de son écriture. Elle combine délibérément des variations stylistiques contrastées et ose parfois des mots nouveaux. En toute préméditation, elle compile les mots, casse les règles de la phrase, évite des tournures typiques de la langue, cultive une syntaxe enchevêtrée. Son jeu avec la langue va de pair avec celui des conventions.

Ma traduction de ce texte témoigne d’un choix et d’une attirance personnelle pour donner à éprouver l’âpre combat des artistes à tort oubliés. Faire entendre la souffrance des êtres qui ont vraiment existé est pour moi une opportunité de leur offrir « une nouvelle vie » grâce à l’écriture dramatique.