Soliloque "irrésumable" dont l'héroïne est une femme entre deux ‚ges, russe, émigrée aux Etats-Unis depuis quinze ans. Ce discours frénétique adressé à soi-même est l'occasion pour l'auteur d'évoquer l'univers effarant de ces émigrés (souvent des écrivains qui furent en effet très célèbres en Russie) exilés pour toujours. Car il s'agit bien d'exil.
Gr‚ce à sa tournure d'esprit, à son humour souvent glacé, à la vigueur du style, Koliada brosse le tableau d'une détresse individuelle qui déborde de son cadre.
La satire du "paradis américain" et de "l'enfer soviétique" est d'un comique acerbe qui fige le rire et laisse pantois.
Le monologue est un art difficile auquel beaucoup se sont livrés sans parvenir à mettre sur pied la mécanique parfaite qu'il requiert. Ici, Koliada lance une machine infernale qui offre au traducteur avide d'obstacles à surmonter des difficultés à la mesure de son appétit; la moindre virgule inopportune, la moindre petite liaison superflue et patatras tout s'enraye.
Cette longue "fausse confidence" à la fois comique et pathétique, adopte divers tons, utilise divers registres du langage d'où naissent divers contrastes. Mais on y cherchera en vain le registre du vulgaire et du grossier : ils sont absents du texte russe. Et donc de la traduction.