Résumé
Allotchka-L'Hirondelle a perdu la mémoire. Quel souvenir fuit-elle ainsi ? Ou encore : ne lui fait-on pas, se servant de son amnésie, endosser la personnalité d'une autre ? Pour quelle raison sa psychologue, Daria, l'a-t-elle fait sortir de l'hôpital ? Plus que sortir : évader. Pour la mettre à l'abri d'un crime qu'elle n'a pas commis ? L'étrange Daria mêle autour d'elle un écheveau de faits et de fantasmes dont, malgré quelques élans de tendresse, nous pressentons qu'ils sont destructeurs. Finalement, elle suggère à Allotchka de s'envoler par la fenêtre grande ouverte, puisqu'elle est une hirondelle... Et Allotchka disparaît dans le vide sans que le mystère ait été élucidé.
Regard du traducteur
Nina Sadour nous plonge dans un monde doucement égaré, insolite, poétique, où le moindre geste prend une signification magique et où se jouent des influences, des résistances et peut-être des perversions. Au sein d'une situation énigmatique : "Qui est Allotchka, qu'a-t-elle fait ?" qui est en elle-même une structure forte, qui capte l'intérêt, le désir d'aller plus loin, on sent, ou l'on pressent, des couples de psychologie des profondeurs tels qu'oubli- mémoire, être-non-être, et finalement vie-mort. Dès l'entrée, L'hirondelle démasquée intrigue, excite l'intérêt. Cela tient non seulement aux virevoltes des esprits et de l'action, mais aussi au style de Nina Sadour : tout en répliques extrêmement brèves, parcimonieuses (à la Beckett serait une qualification approchées), je ne sais rien qui lui ressemble vraiment, qui sache avec des miettes exercer un pouvoir tellement évocateur. Le moins que l'on puisse dire, est que l'oeuvre de Nina Sadour est non-traditionnelle, mais non seulement convaincante : belle, poétique.