Yuval, ancien soldat israélien, le gardien de ce qui fut peut-être un jour le zoo de Rafah, se désole de voir jour après jour les animaux perdre puis retrouver des morceaux de leur corps. Quand il rencontre dans ce lieu fantomatique Um Hisham, une mère palestinienne, il ne se doute pas qu’il est déjà mort, et qu’il est mort dans ses bras, à elle qui n’a pas pu tenir sa propre fille lorsque celle-ci a été abattue en représailles. Pas plus que l’architecte Shlomo, perpétuellement en quête de ruines à reconstruire, de chantiers où poser ses édifices « murailles et tour ». C’est « un état d’innocence », la première vision.
Dans une clinique de Tel-Aviv, après la fermeture, la rencontre entre un vieil homme palestinien et une jeune infirmière israélienne, laquelle ne vit que grâce à une double transplantation pulmonaire. Le donneur est le fils du vieil homme, mort d’une balle dans
Un jeune étudiant irakien se présente pour nous parler de sa passion des livres et des pigeons. Ce qui devait être une conférence avicole, et commence comme telle, devient le récit aussi choquant que poétique de la vie dans un pays soumis à l’embargo, du quotidien dans un pays qui subit la guerre, de la douleur de perdre un ami aimé, de l’absurdité et de la démesure de ces souffrances. C’est la troisième vision : « un monde qui s’efface »
Ces trois textes, écrits en quelques années et joués indépendamment les uns des autres, ont été rassemblés par Naomi Wallace en un triptyque, pour former un tableau cohérent. Il s’agit comme toujours chez N. Wallace d’une œuvre à la fois poétique et politique, loin d’un débat d’idées et proche des individus, de leurs souffrances, de leurs amours, de leurs errances.