La pièce met en scène Jasna, immigrée Roumano-Bosniaco-Macédonienne et professeur-infirmière de Vlad, le fils handicapé d'un mafioso russe. Vlad projette de tuer son père – aujourd'hui propriétaire de son propre restaurant dans le célèbre quartier new-yorkais, le Queens. Le garçon interprète la réalité à l‘aune d’un monde virtuel, celui des blogs, le seul endroit où il peut être lui-même. Il écrit et « dit » sa vision des choses à travers des chansons de rap, qui viennent « rythmer », avec esprit et fantaisie, le déroulement de la pièce. Alex et Irina, deux autres jeunes personnages, aussi perdus et solitaires que Vlad, (le premier est le fils de Jasna ; la seconde est l’amante du père de Vlad), aide ce dernier à mettre en pratique son projet criminel. Pendant ce temps, Jasna et Kebab - un ancien kamikaze - essaient de trouver amitié et paix.
La Chaussure de Lénine est le regard intime porté sur le monde des immigrés d'Europe de l'Est à New York après la chute du communisme en 1989 et l’exposé tragi-comique de leur lutte pour se trouver une nouvelle maison et se détacher définitivement de l'ancienne. La condition de l’immigrant est traitée par Saviana Stănescu avec beaucoup de finesse, de recherche et de sensibilité. Aujourd’hui, le climat culturel est orienté par le social-politique. La notion d’« identité » est repensée parce que l’Amérique - et l’Europe - sont un mélange de races, d’ethnies, de religions, et cette caractéristique de l’identité ou de la communauté devient importante, dans tous les domaines. La Chaussure de Lénine, c’est l’exploration de la condition de l’immigrant, de celui qui passe d’un pays marqué par des traumatismes et problèmes importants – tels que la guerre, la misère, la dictature - à un autre pays dans lequel il devient une sorte de chercheur ou de prisonnier d’un rêve, pour ne pas dire du rêve américain. Cette situation d’ « entre-deux », d’être quelque part « entre », suspendu entre un monde ancien et un monde nouveau, devoir négocier sa propre identité et ses propres valeurs est brillamment décrite par Saviana Stănescu.
La Chaussure de Lénine ou l’exploration minutieuse du drame ou de la tragi-comédie des nouveaux arrivants