Octobre 1905. Saint Pétersbourg. Vaudeville, grotesque, tragique, dans un univers de brumes. Un monde de hauts fonctionnaires, de provocateurs, de terroristes, l'ombre de Pierre le Grand est "le cavalier d'airain". Un domino rouge. Une bombe qui n'est qu'une farce. Le conflit du fils et du vieil homme solitaire, enfermé dans un pouvoir et un formalisme rigoureux. Mort, folie et dérision.
Génie flamboyant et torturé, Biély est l'auteur de Pétersbourg, roman phare de la littérature russe du XXe siècle. Le travail qu'il entreprit pour l'adapter à la scène et confier la pièce à Michel Tchekov, donna naissance à La fin du sénateur, créée en 1925.
Les représentations furent interrompues (vision de la révolution et du parti peu dans la ligne de l'époque... et mise en scène collective peu satisfaisante).
Le passage d'un genre à l'autre se révèle pourtant passionnant, et la pièce offre une parfaite cohérence.
La mise en théâtre a transformé l'œuvre romanesque en une œuvre théâtrale à part entière. La ville était le personnage principal du roman. Dans la pièce, ce rôle est dévolu au sénateur.
L'atmosphère est différente, le monde et les personnages qui s'y agitent et se débattent sont éclairés d'une lumière plus crue, et appartiennent davantage à l'univers expressionniste.
J'ai plaisir à traduire cette pièce. Elle mérite assurément de sortir de l'oubli et de trouver un metteur en scène de grande exigence et de grande vision.