Six scènes passablement glaçantes mettent en scènes des personnages toujours différents mais dont les histoires se recoupent, autour de celle, ainsi racontée en creux, d'un fonctionnaire délocalisé de force : ces dialogues (pour la plupart) ressemblent à des parties d'échecs aux règles dangereusement mouvantes, aux enjeux à la fois dérisoires et vitaux.
Dans un système fondé sur la paranoïa, manipulation du langage et sadisme psychologique ne sont pas l'apanage exclusif des puissants : à tous les échelons de la société, on n'assure sa survie qu'en assujettissant l'autre – voisin, associé, collègue, « ami ». Pas de rédemption possible quand les bons sentiments sont une arme qu'on retourne contre vous.
Première pièce d'une toute jeune auteur,
Jamais nommée, c'est la Birmanie qui sert ici de référence, une référence rendue explicite par le titre même : en 2005, la junte militaire a en effet décidé de déplacer la capitale de Rangoun (10ème capitale historique) à Pyinmana, petite ville isolée au centre du pays, forçant des centaines de fonctionnaires de ministères clefs à plier bagages en un weekend.
En six vignettes implacables qui vont bien au delà du simple exercice de style, Alexandra Wood fait le portrait de la plus terrible des solitudes : celle d'un monde sans fraternité.