Nous sommes dans un temps futur, et les animaux ont pris le pouvoir. Ils s’ennuient autant que les hommes ; un soir, M. Tapir et sa femme Mme Biche demandent à Mme Dieu ce qu’elle a en stock pour les divertir. Cette dernière leur propose une « fiction » en 100 minutes : de sa naissance à sa mort, la vie banale, absurde et inutile de Martin, un étrange double de nous-mêmes… Jeunesse passant à toute allure, échecs amoureux, servitudes et phobies, décrépitude programmée, les animaux assistent à un show aussi cruel que grinçant.
Dans son style inimitable, où la drôlerie le dispute à la férocité, Sybille Berg, connue aussi pour ses romans, déploie son thème favori : décrire l’absurdité de la vie, et la manière dont les humains doublent leur peine en se débattant vainement contre leur sort implacable. L’alternance de scènes illustrant les « stations » de la vie de ce parfait anti-héros qu’est Martin avec des numéro chantés place la pièce dans le domaine d’une sorte de cabaret déjanté. Grossissant volontiers les traits, Sybille Berg nous offre pourtant un miroir à peine déformant de notre condition.