Ido, banal employé de bureau, rentre chez lui le soir de l’anniversaire de son fils, et découvre qu’un dangereux criminel évadé de prison, Ogoro, a pris sa femme et son fils en otage. Ogoro exige de voir sa femme, une stripteaseuse qu’il soupçonne de le tromper. Ido se rend chez la femme d’Ogoro pour lui demander de raisonner son mari, et finit par la prendre à son tour en otage ainsi que son fils. Exalté par le pouvoir que lui confère une arme volée à un policier, mais aussi exaspéré par une abeille piégée au fond d’une tasse de thé, il va rapidement laisser libre cours à ses pulsions sadiques. Il viole la femme d’Ogoro, coupe un doigt de son fils, dévoilant ainsi sur un mode parodique les violences internes à la vie familiale au Japon. Ogoro fait de même avec la famille d’Ido, et c’est l’escalade : femmes et enfants finissent par succomber à des violences répétées. La pièce s’achève sur la vision d’Ido menaçant de couper ses propres doigts.
Adaptée d’une nouvelle de Tsutsui Yasutaka (romancier réputé au Japon pour ses textes satiriques à l’humour féroce, et à l’atmosphère particulièrement déjantée, par exemple les célèbres Cours particuliers du professeur Tadano, traduction française au Seuil), cette pièce décrit le cercle vicieux de la vengeance, à travers des épisodes trash et démontre, dans une atmosphère de manga cauchemardesque et de violence poussée jusqu’à l’absurde, comment un être ordinaire peut se transformer en bourreau avec une rapidité étonnante mais parfaitement crédible. Elle maintient d’un bout à l’autre le spectateur en haleine, avec un rythme très soutenu, des changements de situations très rapides, un humour noir permanent, et une galerie de personnages aussi loufoques qu’inquiétants (joués par 4 acteurs, comme dans nombre de pièces de Noda). The bee a obtenu lor de sa création à Londres en 2006 des critiques dithyrambiques, qui la décrivent comme « tenant à la fois de la satire et de la danse macabre».