L’Amérique et l’acoustique est le monologue d’une femme déçue qui se suicide parce qu’elle est seule. Elle a essayé de se créer un certain nombre de simulacres, mais elle ne tarde pas à les démasquer avec une certaine promptitude masochiste. „Je suis restée seule et je continue de jouer au théâtre”, nous dit-elle, tout en s’obstinant, cependant, par désespoir, à se surveiller, à se dresser. Quand elle réalise que tout est perdu, qu’elle ne peut pas se débrouiller avec „ce monde sur ses épaules”, elle se tue.
Une femme seule, une femme qui semble s’être saturée de tout, qui se voit entourée d’objets et qui se propose d’interpréter le plus extravagant numéro de la vie, le dressage de soi-même. Elle parle, se parle et parle aux objets qui l’entourent, seuls éléments présents autour d’elle. Elle revient sur sa vie, ses expériences. Elle parle de son entourage et de son vide. Elle dit son désespoir et livre au lecteur-spectateur une vision de vie inoubliable.
L’Amérique et l’acoustique est une des pièces les plus bouleversantes de l’année 2007. Nous connaissions l’oubli de soi, l’exercice d’humilité et du vide de soi. Cette fois, Vlad Zografi, que nous pouvons considérer comme un grand ennemi du cliché, mais aussi de l’anti-cliché nous présente quelque chose d’original, l’auto-dressage, comme antidote contre tous les dresseurs d’occasion ou payés pour faire cela. L’homme saturé par les intellectuels bien intentionnés ou mal intentionnés décide de prendre son sort en main (au sens propre comme au sens figuré), il « dévisse » la tête de ses épaules et se regarde lui-même avec surprise et horreur, acteur et spectateur jusqu’au coup de feu final. Est-ce lui qui meurt ou le cosmos ? Mais qu’est-ce que le cosmos sinon le besoin de construire quelque chose qui nous donne cette sensation de profond accablement alors même que nous restons aussi désespérés que contradictoires ?