Huis-clos familial autour d'un bol de soupe, cette pièce condensée en un acte vient exhumer tous les non-dits existants entre une mère et son fils au cours de leur dîner de retrouvailles après des années de séparation : mais ce dîner sera-t-il le premier d'une longue série ou le tout dernier ?
Au fur et à mesure du dîner et de la discussion au premier abord anodine, se révèle peu à peu tout le gouffre qui sépare ces deux êtres, les raisons de leur absence de relation, les dysfonctionnements et la folie qui habitent cette famille, le manque d'amour qui la traverse, et le sujet tabou du non-désir de maternité. En parallèle, se dévoilent aussi peu à peu les intentions de chacun, par le biais d'un dialogue tendu et prudent, sous tension, comme on avancerait une à une ses pièces sur un échiquier. Mais dans ce jeu complexe où les multiples masques de la mère en cachent toujours un nouveau, chaque nouvelle découverte n'est jamais la dernière. Et au cœur du dialogue, toujours présent, l'ombre permanente du père absent ce soir-là.
Dans cette dramaturgie du dévoilement faite de non-dits, de silences, d'avancées circulaires ou de biais, le dialogue nous tient en haleine, tendus vers les révélations progressives.
En nous plongeant au cœur de la folie familiale et de la misère sociale mêlées, le dialogue vient aussi nous tracer le portrait de deux beaux personnages, forts et touchants, prisonniers qu'ils sont chacun à leur manière d'une trop grande solitude : celle d'un jeune homme incompris et désespéré qui « faute d'amour » se débat comme il peut dans sa vie et dans la société, et celle d'une femme d'âge mûre mariée trop jeune, enchaînée à son mari jusqu'à couper les liens avec son fils quand il était enfant. Ses deux êtres arriveront-ils à se retrouver, à réparer leur relation, à se consoler ? Ou se perdront-ils ensemble ?