Baudoin, roi de Jérusalem au temps des Croisades, affronte une maladie terrible qui, au sens propre du terme, le ronge progressivement : la lèpre. Tout en se dé-sincarnant, et avec l’aide de son serviteur Gaston, il continue de régner grâce à sa seule acuité intellectuelle, sa seule volonté, et avec l’arme de la parole. Au moment de mourir, il fera « don » de celle-ci à son serviteur, qui en fera son métier sur les routes du monde. Œuvre mystérieuse et profonde sur le pouvoir du langage, cette pièce, qui ne manque pas d’humour, explore comme peu de nos jours l’éternelle question de la relation du maître et du valet.
L’action se passe en Terre Sainte, au douzième siècle, le royaume des croisées se prépare pour la grande bataille contre les musulmans.
Comment percevoir le monde dans lequel nous vivons, sa complexité ? Comment discerner le vrai du faux, quand les informants manipulent les informés ? Comment évoquer les guerres de religions d’antan qui semblent revenir jouer un tour ? C’est une dramaturgie qui nous vient d’un des points les plus sensibles de la planète. Elle nous offre une parabole aigue, et ô combien évidente. Gilad Evron par sa force critique et sa construction narrative hors du commun, livre ici une bataille contre les simplificateurs qui ne peuvent voir qu’une opposition entre les fils de lumière et les fils des ténèbres, qui ne peuvent voir qu’une guerre entre des bons et des méchants.