La chambre d’une étudiante où garçons et filles sont censés réviser l’examen du lendemain. En fait, ils s’amusent, boivent, se content fleurette et, surtout, se provoquent, se provoquent sur tous les tableaux : études, amours, principes. Hâbleur, propagandiste de l’acte gratuit, l’un d’eux monte sur le toit et y fait de l’équilibre en récitant des vers sur une corniche glissante et sous
On le sait par d’autres pièces du même auteur dont j’ai déjà livré l’analyse, Galine nous propose des aperçus de vie quotidienne, des tableaux de mœurs actuels. En apparence. En fait, ils font corps à chaque fois avec un vaste symbole : le stade en ruine de Tribune Est est le symbole d’une vie dérisoire, le bateau-restaurant de La Photo de Prague est le symbole des rêves d’enfance et des départs impossibles et enfin, ici dans Le Toit, c’est le vertige qui est à la fois réel et symbolique : celui de la vie et de la mort.
Ce Toit dont deux personnages répondent aux noms évocateurs de Yorrick et du Fossoyeur (parce que l’étudiant qui le porte gagne vraiment ainsi sa vie) commence dans le noir par des propos sur le non-être et se déroule au sein d’un flirt saugrenu avec le danger. Sans autre emphase que les tirades burlesques communes à tous les étudiants du monde. La gravité du thème, jamais énoncée, se dissimule derrière des boutades et si l’ultime canular manque tourner à la tragédie, laisse jaillir un cri d’alarme, constitue un fugace crescendo, une sorte de pointe, c’est pour revenir au train-train des jours. La vie est là, simple et tranquille…sans illusions. « La vie est longue, il faut essayer. Ne serait-ce qu’un peu. Essayer de vivre. Car c’est cela, notre vie ».
Tout au long de la pièce, nous avons bien ri et bien frémi. Il faut penser, à présent.