Une jeune femme, à New York, vend son histoire à des gens de théâtre peu scrupuleux qui se la réapproprient en la conjuguant avec la nouvelle pièce d'un vieil auteur dont les dernier succès datent de près d'un demi-siècle et les exigences d'une star de cinéma. Pièce sur la dépossession et le pouvoir des mots.
Les situations sont intensément tragiques mais s'établissent sur le mode comique. New York est le décor de cette célébration des extrêmes ; véritable univers halluciné où l'art rencontre nécessairement la subversion, ville-piège sillonnée par des chauffeurs de taxi aveugles. New York devient l'emblème d'une société mercenaire où s'achètent non seulement les œuvres d'art mais aussi leurs auteurs. Les personnages de cette pièce se donnent comme puzzle à reconstituer. Ils sont à la fois personnages et absents de personnages, rapiécés et mis en pièces. Le théâtre, dans The Treatment, se contemple comme théâtre, le langage devient action : "parler c'est faire". La parole se fait objet de convoitise et chacun, dans un élan cannibale, vise à se mettre en bouche les mots de l'autre ; comme si les mots, ultime refuge, informaient la vie : "les mots ne peuvent pas nous lâcher" ; répond Andrew à la tentation beckettienne. Démarche littéraire captivante.