Dans un ancien appartement, autour d’une table, sous une lampe, quatre hommes (un coiffeur, un croquemort, un acteur et un professeur de mathématiques) jouent aux cartes. Cet appartement est un refuge où tous les échecs sont acceptés et autorisés. L’échec est la règle plutôt que l’exception. L’argent a disparu ainsi que toute possibilité de réussite personnelle. Au moment de toucher le fond, nos quatre personnages vont décider qu’il est temps de prendre un risque. Et à ce moment précis, le jeu devient dangereux.
« Personne ne nous remarquera. Nous passerons totalement inaperçus. Nous sommes invisibles. » Voilà ce que pensent d’eux-mêmes les quatre personnages de la pièce. Quatre hommes qui, sans être vieux encore, ne se reconnaissent plus dans le monde dans lequel ils vivent. Ce monde a avancé sans eux, les a laissés sur le bas-côté. Ils n’ont pas su prendre les bons virages, pas su voir la relève arriver, leur jeunesse s’enfuir, leurs rêves s’évanouir. Quatre complices de toujours, dont l’amitié semble reposer sur sa propre durée, et sur leur goût commun pour le jeu. Leurs retrouvailles provoquées par le procès de l’un d’entre eux, va faire renaître un certain désir de se sentir vivre, un besoin de montée d’adrénaline. Il s’agit ici, d’une sorte de comédie douce-amère, où l’on retrouve des thématiques récurrentes chez Pau Miró, le rapport au jeu, à l’alcool… mais surtout à la difficulté permanente à trouver sa place dans une société dans laquelle on se sent mis de côté.