L'Ogresse

de Lejla Kalamujić

Traduit du bosniaque par Tiana Krivokapic

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Bosnie
  • Titre original : Ljudožderka
  • Date d'écriture : 2017
  • Date de traduction : 2018

La pièce

  • Genre : drame
  • Nombre d'actes et de scènes : 26 scènes
  • Décors : L’intérieur de plusieurs maisons différentes, un pont, l’extérieur d’une forteresse…
  • Nombre de personnages :
    • 5 au total
    • 2 homme(s)
    • 3 femme(s)
    • Des personnages secondaires apparaissent tout au long de la pièce et ne font pas partie de la liste des personnages (fossoyeurs, soldats, psychologues, la compagne du personnage principal).
  • Durée approximative : 120 mn
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

L’Ogresse présente une vision très personnelle de la tragédie politique yougoslave où la cellule familiale est le reflet de tout un pays en désintégration.

Dans cette pièce aux nombreux motifs autobiographiques nous suivons le personnage principal, Lejla, pendant qu’elle grandit dans un environnement multiethnique avant, pendant et après la guerre en ex-Yougoslavie. Dès la petite enfance, la vie de Lejla est ponctuée par des décès qui sont autant d’occasions pour un questionnement sur les valeurs humaines et la vie elle-même.

Regard du traducteur

Cette pièce a pour thème central la désintégration lente d’une famille sur fond de guerre en ex-Yougoslavie. Lejla Kalamujić interroge la quête identitaire face à l’Histoire. Construite en quatre parties, la pièce retrace l’enfance avant la guerre, la période de guerre, le retour à Sarajevo et l’après-guerre.

Le personnage principal, issu d’un mariage mixte (serbe/musulman) perd peu à peu tous les membres de sa famille. Refus de suivre un traitement, vieillesse ou cancer ne sont aux yeux du personnage de Lejla qu’anecdotiques car elle est convaincue de les avoir tués, telle une ogresse impitoyable, par sa présence au monde (mère), par négligence ou cruauté (grands-parents).

Chacun des personnages cristallise des aspects de la société yougoslave avant, pendant ou après la guerre. C’est à travers les particularités de chacun que Lejla Kalamujić questionne le rapport à la spiritualité, à la patrie, à la guerre, aux aïeux, à l’autre.

Dans des scènes courtes et incisives, l’auteure recrée pour le lecteur un univers fortement autobiographique qu’elle ne cesse de mettre à distance en portant un regard critique envers les choses. Plus le personnage grandit, plus il se détache de sa famille, la critique et la délaisse jusqu’à la mort de tous ses membres. Ne reste que la mère, en suspens, disparue depuis si longtemps, l’alter ego lyrique et dramatique du personnage principal. En cela, le personnage de Lejla peut nous faire penser à Wilfrid de Littoral de Wajdi Mouawad. C’est aux côtés de sa mère qu’elle choisit d’aller se faire enterrer, de se précipiter dans une mort souhaitée, afin de boucler la boucle d’une vie faite d’absence, de disparitions et d’incompréhensions. La fin est un geste poétique qui permet à Lejla de s’affirmer.

La pièce a fait partie de la présélection du prestigieux concours Heartefact (concours régional pour les langues BCMS) en 2017 et les extraits de la traduction allemande (en cours) ont été lus au Deutsches Theater Berlin en juin 2018. Le théâtre berlinois s’est dit intéressé pour mettre en scène le texte en 2019/2020, poursuivant sa promotion des jeunes auteurs écrivant en BCMS (Iva Brdar, Tanja Šljivar, Dino Pešut…). Début de 2019, le texte sera porté à la scène par Lajla Kaikčija au Théâtre national de Bosnie à Zenica.