Ma mère et l'invasion à grande échelle

de Sasha Denisova

Traduit du russe par Gilles Morel et Tania Moguilevskaia

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Ukraine
  • Titre original : Моя мама и полномасштабное вторжение
  • Date d'écriture : 2022
  • Date de traduction : 2025

La pièce

  • Genre : tragi-comédie, fantasmagorie documentaire
  • Nombre d'actes et de scènes : 14 scènes
  • Décors : unique, appartement à Kyiv dévasté par les bombes russes
  • Nombre de personnages :
    • 3 au total
    • 1 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 90 mn
  • Création :
    • Période : mars 2023
    • Lieu : Centre de Cultura Contemporàni, Barcelone
  • Domaine : protégé, agent de l’auteur pour l’espace francophone : Gilles Morel gilles-morel@theatre-russe.fr

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

La résistance d’une octogénaire.

Olga Ivanovna, la mère de Sasha, âgée de 83 ans, est venue au monde sous les bombes nazies. Elle a vécu à Kyiv toute sa vie. Elle se retrouve, avec un mari de 20 ans son cadet, en première ligne au moment de la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie. Olga Ivanovna refuse toutes les propositions de sa fille unique d’organiser son départ, elle a décidé de défendre SA ville depuis la salle à manger de son appartement.

Au cœur de situations aussi réelles qu’imaginaires, elle établit un quartier-général, discute stratégie avec le président Zelensky, interpelle Olaf Scholz, abat des drones russes avec ses pots de cornichons, largue des bombes sur Moscou et assomme poutine (sans majuscule), refuse une proposition venue des extraterrestres, marchande avec Dieu, même si elle n’y a jamais vraiment cru.

L’urgence de la situation de guerre enclenche un autre récit. Un parcours de conciliation entre une mère ingénieure en construction à la retraite dotée d’un caractère d’acier bien trempé, et sa fille écrivaine, elle-même prompte à résister à l’autorité. Intrinsèquement autobiographique, nourrie des visites de l’autrice à sa mère, de leurs conversations en ligne, de souvenirs personnels, cette pièce met aussi en jeu l’intimité d’une famille où les incompréhensions semblent s’être déposées en strates pendant des générations.

FILLE. – Maman, il y a quelque chose dont je voulais te parler... Je veux dire à ma mère, Olga Ivanovna, que le temps est enfin venu de lui dire tout ce dont je ne lui ai jamais parlé pendant toute ma vie.

MÈRE. – Sacha, tu vois pas que je suis occupée !

Regard du traducteur

L’accueil qu’ont réservé le public, la presse et les médias à la mise en scène de la pièce à Washington DC en 2023 et à Philadelphie PA en 2024 nous a bien sûr encouragés à poursuivre notre travail de traduction de cette autrice ukrainienne que nous avions rencontrée au TEATR.DOC Moscou lors de la création de son spectacle Light my Fire (Prix Masque d'Or 2012).

Fortement structurant dans La Haye – le procès de poutine, le jeu à double trame croisant documentaire et fantasmagorie est ici particulièrement convaincant.

La touche sentimentale y est plus marquée parce que l’attention se focalise sur les arcanes d’une relation mère-fille.

Et c’est avec naturel que Fille, clone de l’autrice, passe de la parole incarnée au commentaire en narration direct. Elle ouvre ainsi une fenêtre sur l’intimité des deux personnages.

« Je n’écris jamais sur ce que je ne connais pas. » précise Sasha Denisova dans son tout récent entretien avec Chantal Boiron – Revue UBU – Scène d’Europe 78-79 - à paraître en juin 2025.

Résistance et humour, les deux items souvent avancés comme particularités propres à la nation ukrainienne, sont à l’œuvre. La résilience y est farouche et l’humour aigre-doux.

La qualité, la précision, la fluidité et la modernité des dialogues sont les signes d’une démarche documentaire pleinement mise en œuvre au théâtre, avec méthode, conscience, talent.

MÈRE. – Je continuerai à t'écrire, tant que l'Internet marche, ne t’inquiète pas, je suis si heureuse que tu sois loin de tout ça, réalise-toi, travaille, écris, régale-toi de la vie…

La dramaturge compose ici une forme qui touche au cœur.
Un théâtre expérimental que tout public saura apprécier.

« Cela vous fera certainement rire, mais cela ne vous fera pas non plus oublier la réalité de la situation. Et je pense que c’est, je ne sais pas, c’est un peu la définition de l’espoir, non ? » commente Jakob Cansler - A play about the war in Ukraine — and so much more – The DC Line 25/09/2023

Espoir qu’on accueille à bras ouverts en ces temps où le cynisme est roi. Slava Ukraini !