ACTE I : Au retour de la bataille remportée au nom du roi Duncanne, les soldats rescapés de l’armée du général Macbette s’arrêtent devant les ruines de l’abside d’une vieille église. C’est l’heure du coucher du soleil. Ils entament leurs litanies de malédictions contre la guerre et ceux qui
Macbette se prépare à une évacuation intestinale entraînée par l’absorption des dragées Fuca que Laidie lui a conseillé de prendre. L’évacuation se révèle être un accouchement très douloureux et sanglant avec lequel il donne naissance à une sorcière informe, sans nerfs et sans colonne vertébrale. La créature se présente comme le miroir de la vérité la plus profonde de la conscience du général, son rêve de grandeur et de pouvoir : son désir d’être roi, d’être dieu.
Lors de leurs retrouvailles, Laidie encourage Macbette et construit avec lui un plan pour la réalisation du rêve. Le roi leur faisant l’honneur d’une visite, un banquet est dressé pour l’occasion. Après les festivités Laidie fournit à son époux un poignard. Dans un monologue elle raconte ce que Macbette est en train de perpétrer, le meurtre du roi. Suite à cet acte, il rejoint Laidie mais se refuse à accuser les serviteurs du roi en les barbouillant du sang de la victime. Elle décide donc de s’en charger elle-même.
Au petit matin l’un des choristes va réveiller le roi et annonce la terrible nouvelle. Le chœur invoque la vengeance divine et menace implicitement Macbette.
ACTE II : Le chœur commente les événements qui se sont produits après la mort de Duncanne et se plaint sur son sort en regrettant de ne pas être comme aux temps anciens dans un temple de la Grèce antique ou derrière l’autel d’une église ; maintenant en tant que serviteur il ne peut que regarder, se taire et obéir.
Macbette s’auto proclame roi et se couronne, promettant à la patrie foi et dévouement. La sorcière, en dialogue serré (un duo) avec Macbette, le pousse à poursuivre sa mission en assassinant Banco, son ami d’enfance, et son fils Fléance, pour conserver le pouvoir et le trône. D’abord il refuse puis finit par céder lorsque la sorcière lui affirme que celui qui pourra l’assassiner ne sera né ni femme ni homme. Macbette se remémore son passé et la fidélité dont Banco a toujours fait preuve à son égard et ne sait pas comment il va pouvoir le supprimer. Il demande à Laidie si le pouvoir d’un roi doit toujours être lié au sang, ce à quoi elle répond que l’important c’est de penser ici et maintenant (hic et nunc) car ensuite il ne restera plus rien qu’« un pet de cendre ».
Laidie évoque un rêve érotique autour de Banco, ainsi Macbette jaloux passe à l’action. Celui-ci désigne un tueur à gage parmi le chœur et l’envoie assassiner son ami. Laidie, une fois seule chante une sorte d’aria et révèle que tout ceci n’est que pure invention, car en vérité Banco a des tendances homosexuelles, mais elle veut venger par là son amie, la femme de Banco, morte en couche.
Le chœur se plaint, il n’a pu refuser que l’un d’eux soit désigné comme tueur et prépare le banquet pour le couronnement. Le toast se fait sur l’invitation de Laidie repris en chœur par tout le monde. Le choriste-tueur revient et assure à Macbette que Banco et son fils ont été assassinés. Comme dans Shakespeare Macbette excuse l’absence de Banco mais il est poursuivit par la vision de son fantôme.
Le chœur s’en va, Macbette veut céder la couronne à Laidie et un choriste annonce l’arrivée de Macduffe qui organise une armée pour les attaquer. Laidie donne les instructions au chœur et suggère à Macbette de prendre conseil auprès de la sorcière.
ACTE III : La sorcière propose à Macbette d’organiser leur défense en utilisant le gaz, celui produit par les intestins du couple royal et lui explique qu’il existe une grande chauve-souris qui peut lâcher les sacs sur l’ennemi. Laidie connaît déjà la stratégie et ses effets : elle prépare un minestrone à tel fin. Macbette condamne ces systèmes de défense, cela le déprime, il voudrait interrompre le plan. Laidie le convainc en lui expliquant que Macduffe se prépare à mettre en action les mêmes moyens. Elle fait un test du gaz sur un choriste qui meurt. Macbette est piégé, il ne sait que choisir.
Le chœur commente la bataille et le bombardement au gaz : c’est la victoire. Laidie, heureuse, raconte la retraite de Macduffe et, pour récompenser l’époux, elle fait préparer la chambre nuptiale.
Macbette se heurte frontalement à Laidie et un choriste messager annonce l’arrivée de Malcomme et de son armée. Macbette refuse la surenchère du crime, il insulte Laidie et l’accuse d’être à la source de toutes sortes d’horreurs, puis la massacre à coup de poignards.
Laidie, avant de mourir, proclame que le pouvoir est femme et à son tour se jette violemment sur Macbette lui infligeant le même sort. Ses derniers mots vont à la gloire du féminin. Macbette comprend que ni femme ni homme, il s’agissait bien là de Laidie. Il attrape la sorcière, la jette sur le corps de Laidie et prononce ses derniers mots « la vie n’est pas la vie. C’est juste un cri / un bruit, ou seulement un ouin, ouin / et puis ? Nuage, démence, / usine de mort, science-fiction… Il n’y a plus d’espoir ».
Le chœur conclue la tragédie. « Mieux vaut que s’éteignent, / un par un, tous les projecteurs /…parce que et le monde et le ciel et l’univers tout entier / ressemblent seulement / au trou sans lumière et sans fin de l’enfer.»
En conclusion aucun ordre politique et social n’est restauré par aucun prince. Les deux personnages sanguinaires se noient dans leur propre sang. La pièce se referme sur l’image nihiliste d’un ciel fétide qui s’ouvre et submerge tout et tous dans une immobilité éternelle et sans lumière.
Macbette est le deuxième volet de la trilogia degli scarozzanti, après L’Ambleto traduit en français par
Si avec L’Ambleto Testori a cherché a se distancier de la littérature, ici avec Macbetto il tente une opération littéraire ambitieuse, totale, le must de la littérature : la construction ex novo d’une langue qui n’existait pas auparavant et qui n’existera plus ensuite. Macbetto est dérivé de Shakespeare, évidemment, mais, en tant que structure dramaturgique, il dérive plutôt du livret que Piave a écrit pour le Macbeth de Verdi et en effet il en a conservé, à peine modifiées, les attaques des grands airs.
Les rimes sont d’autant plus significatives que la structure métrique est libre. La rime prend son importance dans l’oralité. En effet, elle offre la structure et le rythme. Ceci appartient au registre de la tragédie et répond à un style très imagé. Nous y trouvons un style direct, parfois trivial suivi d’une envolée poétique de toute autre envergure. Nous avons donc tenté de respecter les différents niveaux de langue afin que se côtoient, comme dans l’œuvre originale, les différents registres. Nous avons prêté une grande attention au rythme et pour transmettre l’étrangeté nous avons souvent joué sur une musicalité propre à la langue française à travers l’élision parce qu’elle permet un rythme court, haché, une sorte d’urgence qui nous a semblé correspondre à la langue originale.
La pièce elle-même nous semble essentielle dans le contexte actuel où la tragédie semble difficilement représentable. Cette difficulté nous semble liée à la qualité du langage la langue de Testori triviale et novatrice est pour nous vecteur d’une tragédie moderne. De plus ce texte nous a semblé soulever trois points essentiels dans les bras de fer de