À propos de Giovanni Testori
Bien qu’inconnu en France Giovanni Testori (1923-1993), écrivain, poète, dramaturge, peintre, critique d’art, éditorialiste, metteur en scène et, surtout, témoin mal commode d’une époque de grande effervescence culturelle, il reste aujourd’hui parmi les voix prophétiques les plus hallucinatoires pour ses visions et les plus novatrices pour sa langue.
Très tôt passionné par le dessin et la peinture, il devient critique d’art. En tant qu’auteur il connaît la notoriété à la fin des années 50, avec ce qui deviendra Les secrets de Milan). Cette vaste fresque donne une description néoréaliste du sous-prolétariat milanais et regroupe le cycle « I segreti di Milano » (cinq oeu¬vres de genres littéraires différents : des récits (Il Ponte della Ghisolfa, 1958 ; La Gilda del MacMahon, 1959), du théâtre (Maria Brasca, 1960 ; L’Arialda, 1961) et un roman (Il fabbricone, 1961).
Parallèlement à l’écriture de plusieurs romans et de nombreux recueils de poèmes, Testori produit, sa vie durant, une importante oeuvre dramatique. Une place à part est tenue par ce que l’on peut considérer comme l’oeuvre essentielle de Testori, la Trilogia degli Scarrozzanti (Trilogie des comédiens errants).
Artiste complet, Testori s’est exprimé dans tous les arts et a su être le théoricien de sa propre pratique – notamment dans Il ventre del teatro (1968) qui affirme la nécessité d’un théâtre fondé sur le langage. A la fois très populaires et très contestées en Italie, qu’elles aient été esthétiques ou politiques, ses prises de position n’ont cessé de susciter la polémique – et cela depuis ses premiers essais d’art et son mémoire de maîtrise sur l’esthétique du surréalisme (qui lui fit frôler l’exclusion de l’Université), à ses pièces de théâtre (notamment L’Arialda, retirée de l’affiche en 1961 « pour turpitude et trivialité »), en passant par ses interventions de nature éthique, succédant à Pasolini dans la première page du Corriere della Sera.
Pourtant, les hommages qui lui sont rendus sont nombreux : depuis Visconti qui s’inspira, en 1960, de son recueil Il ponte della Ghisolfa pour son film Rocco et ses frères et qui monta deux de ses pièces, L’Arialda et La Monaca di Monza, en passant par les prix qu’il a reçu (en 1985, le prix « Renato Simoni – Una vita per il teatro » ; en 1986, celui pour le théâtre « Diego Fabri » ; en 1989, le prix « Pandolfo » pour son recueil de poésie Et nihil). En 1987, l’exposition « Testori : Erodiade e la testa del Profeta » fut invitée à Paris au Centre Georges Pompidou.
Giovanni Testori est mort en 1993, à l’hôpital San Raffaele de Milan, à l’âge de 70 ans, laissant un texte dramatique, Tre Lai : Cleopatràs, Erodiàs, Mater Strangos¬ciàs, que l’on considère comme son testament littéraire.
Autres ouvrages
La morte, 1942 - Un quadro,1942 - Caterina di Dio, 1948 - Tentazioni nel convento, 1949 - La Maria Brasca, 1960 - L’Arialda, 1960 - L’Imerio, 1961 - Il Branda, 1961 - La Monaca di Monza, 1967 - Erodiade, 1969 - L’Ambleto, 1972 - Macbetto, 1974 - Edipus, 1977 - Conversazione con la morte, 1978 - Interrogatorio a Maria,1979 - Factum est, 1981 - Post-Hamlet, 1983 - Erodiade (2), 1984 - I promessi sposi alla prova, 1984 - Confiteor, 1986 - In exitu, 1988 - Verbo’, 1989 - Sfaust, 1990 - Sdisorè, 1991 - Tre Lai, 1992