Cinq jeunes gens, deux filles et trois garçons issus du même moshav dans le sud d’Israël, vivent depuis quelques années dans la grande ville du centre. Ils partagent avec tous les jeunes d’aujourd’hui des questions liées à leur quotidien : le manque d’argent, se marier ou pas, être fidèle ou pas, que faire de sa vie, etc., si ce n’est que, dans leur réalité, s’immisce petit à petit les déchirements politiques de leur pays, l’occupation, les roquettes, et finalement... la guerre, qui vient (ou pas) mettre fin à leur insouciance.
D’une très grande modernité dans sa structure, le texte reflète avec justesse, sans explications sociologiques ni psychologiques superflues, quelque chose de la jeunesse d’aujourd’hui – d’une part très concentrée sur elle-même et ses « petits » problèmes existentiels, d’autre part rattrapée par la réalité qui l’entoure. Les dialogues sont brefs, volontairement plats et ancrés dans le vocabulaire de l’époque – un vocabulaire dont il faut assumer le côté très branché – c’est-à-dire qui risque de devoir être actualisé de temps en temps.
Cette pièce, parce qu’elle est située en Israël (bien que les noms de lieux soient assez flous) permet d’exacerber l’urgence des questions soulevées, la menace n’étant jamais bien loin.
La grande originalité tient du dispositif scénique : la moitié des scènes se passent dans le monde réel, l’autre sur les réseaux sociaux, or il est bien stipulé qu’il n’y aura ni écran, ni ordinateurs sur scène... un langage à inventer qui rend l’entreprise très excitante !