La Musique et le Mal pourrait se définir comme un « concert dramatique ». Ainsi, pour reprendre le questionnement de Strauss dans son opéra Capriccio, mentionné dans La Musique et le Mal : qu’est-ce qui doit primer entre la musique et les mots ? Lola Blasco ne choisit pas et entremêle les deux pour nous livrer cette conversation poétique et musicale, entre une voix parlée et un piano. Elle divise cette pièce en huit parties, qui retracent des événements de vie ou des parcours de musiciens dans leurs rapports avec l’Histoire et les épisodes douloureux qu’ils ont accompagnés ou subis. L’anecdote, la petite histoire nourrit la grande, et ce sont ses aspects les plus sombres qui intéressent ici Lola Blasco.

Mélomane, l’auteure se concentre sur des œuvres musicales ou des compositeurs dont les morceaux sont joués, en direct, pendant ou en alternance avec le texte. À travers ce va et vient, elle nous convie à reconnaître le sublime des œuvres tout en nous confrontant aux questionnements qu’elles peuvent susciter en elle, et bientôt en nous.

C’est en s’appuyant sur une construction très structurée, qui laisse cependant la place à de nombreuses digressions, à l’humour, à la dérision, que Lola Blasco nous emporte avec La Musique et le Mal. Il y a dans son texte une légèreté inattendue lorsqu’on aborde ce type de sujets. Une légèreté et même une certaine sensualité. Cette sensualité vient très certainement de la relation presqu’amoureuse que l’auteure entretient avec la musique, avec Bach en particulier.