Comme dans ses autres pièces, l’auteur procède par montage, avec ici une complexité particulière. Sans cesse, nous passons d’un niveau de langue ou de réalité à un autre ; à partir de matériaux préexistants, utilisés tels quels (titres et éléments d’œuvres de Damien Hirst pour les « natures mortes » qui apparaissent comme des didascalies) ou recomposés (langue de la liturgie orthodoxe), émerge une réalité inquiétante mais familière, violente, cocasse et poétique. Une écriture jaillissante et maîtrisée, distanciée et charnelle à la fois, tresse le plus intime (le corps sexué, érotisé) avec le collectif (une crise politique totale) tandis que se construit, comme seul véritable personnage, intensément vivant, la ville, qui pourrait être n’importe quelle ville, comme un corps analogue au corps de chaque citoyen, et qui les dépasse tous.