Nuit bleue au coeur de l’ouest

de James Stock

Traduit de l'anglais par Isabelle Famchon

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : U.K.
  • Titre original : Blue night in the heart of west
  • Date d'écriture : 1991
  • Date de traduction : 1992

La pièce

  • Genre : Drame (avec éléments de chorégraphie)
  • Nombre d'actes et de scènes : 12 scènes
  • Décors : multiples autour d'un espace commun
  • Nombre de personnages :
    • 10 au total
    • 5 homme(s)
    • 5 femme(s)
  • Durée approximative : 2h30
  • Création :
    • Période : 1991 et 1995
    • Lieu : Plain Clothes Productions, Bush Theatre, Londres et Théâtre de l'Instant à Brest
  • Domaine : protégé : Alan Brodie
  • Lecture publique :
    • Date : Juillet 1992
    • Lieu : La Chartreuse, Villeneuve-lès-Avignon, "Rencontres européennes". Diffusion sur France Culture en ja

Édition

Résumé

Le 4 Juillet, jour de l'indépendance des Etats-Unis, une mère et son fils s'adonnent dans les plaines de l’Iowa à la plus inconstitutionnelle et la plus païenne des danses sexuelles lorsqu'ils sont interrompus par une tornade laquelle fait s'envoler leur ferme et périr leurs animaux. Dans un grand mouvement de folie mystique, la mère s'accroche à sa terre et défie les cieux de l'emporter.

En même temps, un Ecossais en kilt, grand spécialiste de la taille ornementale d'arbres, cherchant fortune aux Etats-Unis traverse l'Atlantique armé de son seul sécateur. Il est interpellé par le fantôme de son grand père qui se moque de son attachement à la tradition douillette du kilt lorsque survient également une tempête qui fait disparaitre grand-père et souvenirs du vieux continent.

À Reno, une diseuse de bonne aventure (fille et soeur des deux personnages pris dans la tornade) recommande le meurtre de son mari à une cliente battue et meurtrie. Reluquée par le prêtre qui habite en face de chez elle, elle lui accorde assez vite ses faveurs pour le rejeter tout aussitôt, plongeant le pauvre homme dans la démence. Peu après, rencontrant aussi l'Ecossais elle le satisfait au point qu'il l'épouse sur le champ. Dix ans après qu'elle a été rejetée par les siens pour cause d'immoralité, elle décide de retourner à Epiphanie exhiber ce mari tout neuf.

Les retrouvailles familiales se feront dans un délire à quatre et même à cinq puisque le père réapparait tous les ans à la date anniversaire de sa mort afin de danser avec son épouse et ennuyer ce fils qui a pris sa place au lit. Le fantôme mis à part, personne ne se sortira vraiment indemne de ces célébrations étranges, l'Ecossais encore moins que les autres.

Regard du traducteur

Il faut bien le dire : encore un Oedipe (donc, la veine ne semble pas prête d'être tarie : de l'avantage des mythes !...). Ils vivent dans une ferme de l'Iowa, le cyclone est passé, salement destructeur. Leurs relations sont un raccourci d'inceste et de mysticisme quotidien : ce sont le fils et la mère, Carl et Ruth. Il est irlandais, il arrive là, en Amérique, avec un sécateur (pour la taille artistique des haies) dans le but de retrouver la terre ancestrale : c'est Andrew, ou John. Elle a une histoire plutôt chargée, elle est psychothérapeute cartomancienne scientifique, elle est répudiée par la mère elle veut épouser Andrew : c'est la soeur jumelle, Kristin, ou Lorraine. Peut-être qu'elle a tué le père. Il est mort noyé, suicidé ou assassiné, il revient de temps en temps dialoguer avec la mère ou comme cadavre déterré : c'est le père, Daniel. Ce petit monde s'apprête à célébrer fiévreusement la fête de l'Indépendance, c'est la tradition. A savoir : il s'agit de déterrer le cadavre du père tout en se livrant à quelques exactions incestueuses et orgiaques. A la fin, Andrew, l'étranger, se coupe le nez avec le sécateur.
Il y a aussi un prêtre violé, un vieil irlandais qui danse sur la mer, une femme battue qui fait dans l'onanisme.
Dire que ça tient de la gageure, de monter un texte pareil : c'est un euphémisme ! D'où l'intérêt de l'affaire, bien entendu. Car la pièce est réellement ébouriffante : en fait, l'action oscille sans arrêt entre délire et ordinaire. Ce qui semble coutumier surgit du réel comme un ectoplasme dans une verve inouïe. Il y a ici quelque chose de la farce et quelque chose de la tragédie. Dans un climat de fin du monde ou de tous les jours, c'est selon, l'obscénité et l'inceste semblent la loi dévorante d'une tradition familiale vivace et haineuse. Elle a eu raison de la raison de tous ceux-là.
Notes extraites du dossier réalisé pour "La Rencontre Européenne : Profession : auteur de théâtre" Villeneuve-lès-Avignon, 1992.