La pièce met en scène une femme d’aujourd’hui, encore jeune, échouant à se satisfaire de sa vie telle qu’elle est, qui lui apparaît comme « une pastèque un peu nulle ». Pendant près d’une heure, elle associe le public à son malaise au fil d’une parole torrentielle, jouant de l’association libre, du calembour et du cocasse, jusqu’à se supprimer en direct en avalant la pilule « p.e.t.u.l.a. » (« Pas d’Embrouilles, Tasse-toi, Unis-toi à la nuit, Lave tes péchés, Abolis-toi »). Ses tourments n’en sont pas finis pour autant, car elle réapparaît dans l’au-delà pour une empoignade homérique avec saint Pierre et une rencontre post mortem avec le célèbre chanteur de rebètiko Tsitsànis, dans une culmination d’absurde assumé.
Lèna Kitsopoùlou est une figure polymorphe de la scène culturelle grecque, comédienne, metteur en scène, auteur dramatique mais aussi chanteuse de rebètiko à ses heures, et également l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles. Ses créations adoptent volontiers des postures provocatrices, qui ont pour effet de cliver le public entre partenaires et détracteurs passionnés. Mais au-delà d’une simple volonté de choquer, elle y donne nombre d’aperçus lucides sur certains aspects de la mentalité collective grecque et, au-delà, touche à des questions politiques de portée plus générale (comme la xénophobie ou la société de consommation). Ce qui fait sa force est avant tout son usage de la langue et de l’interlocution, à la fois ludique, violent, tour à tour mélancolique, grotesque ou passionné, avec une conscience très vive des enjeux de toute parole adressée sur une scène.