Résumé
La scène : projection d'un film de famille qui montre un père et sa fille de cinq ans, heureux ensemble en train de jouer. Vingt quatre ans plus tard, Jenny, la fille aînée des Young, laisse sur répondeur téléphonique un message où elle accuse son père de l'avoir violée et son grand-père d'avoir assisté à des soirées où elle était sodomisée : elle accusera plus tard sa mère d'avoir été leur complice. La pièce raconte, à travers principalement plusieurs séances de psychothérapie, comment des souvenirs fictifs -car ils le sont- ont été greffés sur un être fragile, et les conséquences pour l'intéressée et sa famille de cette pseudo mémoire de sévices sexuels.
Regard du traducteur
Arnold Wesker avait d'abord envisagé d'intituler sa pièce The manipulation (La manipulation). Le sujet de Denial est donc la création factice et désastreuse -pour l'équilibre psychique de la victime et le salut de sa famille- de pseudo-souvenirs à contenu sexuel (d'où le titre français : Souvenirs fantômes) chez un être en détresse, rendu vulnérable par une série d'échecs personnels et professionnels. Le thème abordé est délicat et "politiquement incorrect" à une époque où l'accent est plutôt mis -à juste titre- sur les dég‚ts de la pédophilie. Les motivations de la thérapeute ne sont pas explicitées mais on peut deviner qu'il y a un mélange confus de ressentiment envers les hommes, de féminisme névrotique et de go?t de la manipulation. Souvenirs fantômes parle donc du pouvoir, mais aussi de la famille, du rapport à l'enfance, aux parents, au passé, de la maîtrise problématique que chacun a de sa vie. Le théâtre britanique, sous une forme souvent naturaliste, a toujours eu la capacité de parler des problèmes sociaux et du monde réel de façon directe et incisive. La forme adoptée ici (ordre non chronologique, séquences de nature différente : film, dialogues, diversité des éclairages et des personnages) donne à l'exploration de Wesker la vivacité d'un thriller psychologique où le récit est conduit de façon vivante et dynamique.