La Brèche

de Naomi Wallace

Traduit de l'anglais par Dominique Hollier

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : U.S.A.
  • Titre original : The McAlpine Spillway
  • Date d'écriture : 2015
  • Date de traduction : 2017

La pièce

  • Nombre d'actes et de scènes : 14 scènes / 2 actes
  • Décors : sous-sol et terrasse de la maison d’une famille de classe ouvrière - minimaliste et non réaliste
  • Nombre de personnages :
    • 7 au total
    • 5 homme(s)
    • 2 femme(s)
    • Le même personnage adolescent et adulte doit être joué par deux acteurs.
  • Durée approximative : 120 mn
  • Domaine : protégé : Renauld & Richardson – info@paris-mcr.com

Édition

  • Edité par : Editions Théâtrales
  • Prix : 14.00 €
  • ISBN : 978-2-84260-809-5
  • Année de parution : 2019
  • 96 pages

Résumé

L’histoire d’un groupe d’adolescents, trois garçons et une fille, qui se démènent pour exister, comme on le fait à cette période difficile de la vie, empêtré que l’on est dans les questions de sexe, de pouvoir, de désir, de séduction, d’amour, d’amitié, de dépendance, de crânerie, de bravade, de pactes…

Tout se joue dans la maison de Jude et de son jeune frère, dont le père est mort, tombé d’un immeuble à cause d’un harnais de sécurité défectueux (le frère et la sœur, pour se réconforter, jouent régulièrement au jeu de la chute : il s’agit d’inventer, en rebondissant chaque fois sur la proposition de l’autre, les pensées du père pendant sa chute). Jude aide sa mère à payer les notes, et veille sur son frère.

A l’initiative du « dominant » s’invente un pacte entre les trois garçons qui, pour sceller leur « clan », doivent sacrifier ce qu’ils ont de plus précieux. Sauf que le plus jeune, le plus fragile, qui est aussi le plus pauvre, est forcé de livrer sa sœur. Pacte qui conduira au viol de l’une et à la mort de l’autre.

La pièce se déroule sur deux époques, 1977 et 1991, on alterne entre les scènes du passé et les plus récentes, les personnages d’une époque intervenant parfois dans l’autre ; les faits nous sont révélés progressivement, on croit toujours savoir, et puis non, de mensonge en omission, de révélation en révélation – pour le public comme pour les protagonistes –, on reconstruit la fabrication du drame.

Regard du traducteur

The McAlpine Spillway est la dernière pièce de Naomi Wallace. Pour moi elle fait partie de ses « grandes » pièces, même si c’est peut-être la plus dure qu’elle ait écrite.

C’est une tragédie. Tout ce par quoi la catastrophe se fabrique est donné dans la première scène, mais bien sûr nous ne le découvrons qu’après coup, et tout ce qui aurait pu être évité se produit inéluctablement.

On est loin d’un simple fait divers : comptez sur Naomi Wallace pour y insinuer un traitement ultra concret et charnel des complexités du désir et du pouvoir conditionnés par la position économique et sociale de chacun, pour explorer comment la répartition du pouvoir entre les riches, les moins riches et les pauvres se retrouve dans le groupe dès l’enfance, comme une évidence – sauf révolte d’un être fort comme l’est Jude, personnage qui n’est pas sans rappeler la Pace Creagan de Au pont de Pope Lick. Ajoutez à cela la question des laboratoires pharmaceutiques (et assurances santé) et de leur pouvoir non seulement économique, mais aussi de manipulation de la santé publique comme des individus – drogue institutionnalisée –, références aux médicaments qui traversent la pièce comme un fil, discret, mince, mais néanmoins présent : le texte a été commandée par un grand théâtre américain qui a renoncé à le monter à cause de cette critique de l’industrie pharmaceutique – raison supplémentaire pour moi de chercher à le faire entendre.

Ici encore, Naomi Wallace part des corps pour décrire le corps social.