Résumé
Une population de riverains pékinois, utilisateurs des toilettes publiques, gravite autour de deux personnages centraux : le vieux Shi, homme de service employé aux toilettes publiques, et son fils, Shiye, chargé de prendre la succession de son père. Sur trois décennies, nous suivons l'évolution de ce microcosme influencé par les bouleversements de la société chinoise. Ainsi, le pickpocket du premier acte devient richissime homme d'affaires au troisième acte et le flic de quartier, garde du corps de ce dernier.
A une époque où les logements étaient dépourvus de sanitaires en Chine, les toilettes publiques étaient un lieu de convivialité aussi prisé que les comptoirs de bistrots parisiens. On s'y retrouvait entre voisins, accroupi au dessus d'une fosse d'aisance, pour commenter les derniers potins.
Traitant d'un même type de lieu à trois différentes époques, l'auteur nous transporte dans les toilettes publiques pékinoises des années 1970, alors abris rudimentaires en brique grise, puis dans celles des années 1980 avec cette fois, un semblant de confort payant, et enfin, celles d'un hôtel de luxe des années 1990.
Regard du traducteur
Première partie d'une trilogie intitulée : Trilogie de la dignité, Toilettes publiques, dépeint en trois actes la vie des toilettes publiques à Pékin. Véritable lieu de convivialité, elles sont le cadre idéal pour observer le comportement de l'individu face aux bouleversements sociopolitiques et économiques de la Chine. Trois périodes sont ainsi évoquées : les années 1970, 1980 et 1990. 1/ Chine de la révolution culturelle de Mao Zedong. 2/ Chine des réformes économiques de Deng Xiaoping. 3/ Chine du capitalisme rouge de Jiang Zimin.
Une kyrielle de personnages typiques des ruelles de Pékin est décrite avec un humour noir, à la fois touchant et cinglant, qui caractérise désormais l'écriture de Guo Shixing. L'auteur n'aime pas traiter les mêmes sujets que ses contemporains : «Dans les années 1990, à une époque où les gens se préoccupaient plus de leur devenir professionnel, je m'intéressais aux "oisifs". Maintenant que nous vivons dans une relative aisance matérielle, j'éprouve le besoin de m'intéresser à la "dignité humaine"». Avec Toilettes publiques, qui fait la part belle au rire avec quelques répliques scatologiques truculentes, l'auteur s'interroge sur la place de la dignité chez l'être humain.