La Reine-Grenouille met en scène la métamorphose d’une mère de 45 ans, qui vit dans des conditions précaires, seule avec ses enfants : Brigitte, adolescente rebelle, et Herbert, jeune homme cynique et instable, tous deux insolemment égoïstes. Criblée de dettes, leur mère songe d’abord à mettre fin à ses jours en avalant le contenu d’un tube de comprimés ; mais sa tentative de suicide est opportunément interrompue par une coupure d’eau qui permet la rencontre avec Stéphane Leroy, un homme plus jeune, à la recherche d’aventures faciles et… d’un logement. Leroy se révèle vite n’être qu’un nouvel égoïste, un séducteur impénitent, incapable d’aimer réellement. Son installation dans la famille va pourtant donner lieu à une série de transformations inattendues : la mère redevient femme, délaisse ses activités de ménagère modèle et s’improvise cartomancienne ; d’où un enchaînement de rencontres et de métamorphoses tous azimuts dans cet univers peuplé de déçus de l’amour et de la vie moderne. Les diverses impostures de la pièce s’entrecroisent dans un enregistrement vidéo qui clôt l’ensemble à la manière d’un happy end grotesque : la mère règle ses comptes, tire les enseignements du passé et choisit pour l’avenir la morale pratique du « chacun pour soi ».
Reines des neiges, ou la revanche inespérée d’une souffleuse. Que faire lorsque la grande actrice que vous avez toujours admirée – et jalousée en secret – décède subitement sur votre canapé ? L’embaumer … et lui parler. La souffleuse imaginée par Kerstin Specht se lance ainsi dans un monologue passionné, armée de bidons de résine qu’elle déverse goutte à goutte sur le corps sans vie d’une reine déchue. Immortalisée dans la gangue rigide de son propre dédain, l’actrice s’en va rejoindre le pays fantastique de la « reine des neiges », cette dame blanche dont les baisers vous glacent le cœur dans le conte éponyme d’Andersen. Pour accompagner la morte vers les glaces éternelles, la souffleuse se livre à une sorte de rituel funèbre, où l’irrespect enfin permis va l’affranchir d’une soumission craintive : la grande dame redevient simple femme, mais aussi confidente muette de celle qu’elle méprisait et qui clame à présent haut et fort les humiliations subies, égratignant au passage avec un humour corrosif le monde du théâtre, ses intrigues et ses compromissions.
La souffleuse tient en cet instant le rôle de sa vie : elle peut dérouler le fil de son destin, avec ses heures de gloire, les espoirs déçus, les amours enfuies et les outrages du temps. Elle joue une pièce où la grande actrice n’est plus que figurante, mais où les deux femmes finissent par se rejoindre dans leur rêve d’éternité.
La Reine de cœur est un petit conte drôle sur l’amour par temps de crue. Une quadragénaire se retranche dans son grenier pour échapper à la montée des eaux. C’est alors que survient le facteur…