Autour des cas récents de Eluana Englaro et Piergiorgio Welbi, l’Italie s’est divisée. Le poids de la culture catholique sur le thème de la fin de vie rend le débat en Italie sans doute plus complexe qu’ailleurs. Mais cette question résonne amplement en France, aussi.
En Italie, le cinéaste Marco Bellocchio a abordé le thème en 2013, avec son approche singulière, dans le film La belle endormie, qui a ravivé un débat jamais vraiment assoupi.
En France, la saison dernière le jeune auteur Côme de Bellescize s’est fait remarquer avec sa pièce Amedé, qui traite de l’euthanasie d’une mère sur son fils complètement paralysé après un accident, mêlant hyper-réalisme et burlesque.
La pièce de Longoni est épurée, aussi bien dans son style que dans la sobriété de ses positions. Elle élève le cas singulier de Eluana à archétype politique du choix individuel, telle une Antigone ou une Médée.
La pièce est structurée en une partition à trois voix : la fille dans le coma, la mère qui attend un miracle, le père qui veut la laisser partir. Sentiments, souvenirs, réflexions se mêlent en un poignant oratorio. Un flux poétique qui raconte la vie dans toutes ses expressions : douleur, joie et surtout amour. La simplicité des mots et la rigueur de la syntaxe, évitent le mélodrame, mais aussi la spéculation idéologique.
Longoni, dans son travail sur la langue, reste sur le fil du rasoir. Ses images sont précises et percutantes. Il a su saisir la réalité intérieure des deux positions éthiques opposées du père et de la mère, avec pour chacun un argumentaire efficace, mais sans effets superflus. Ses personnages cheminent jusqu’au bout avec toute la délicatesse que requiert un tel sujet.
Il s’agit de la tentative réussie d’une entreprise périlleuse qui a tout de suite éveillé notre intérêt. Nous avons donc décidé d’affronter cette traduction de concert. Il nous a également semblé important de donner à entendre, en France, le verbe d’un auteur italien d’envergure qui, de façon programmatique, sait conjuguer exigence et accessibilité.
Un critique italien de renom comme Franco Cordelli a écrit sur le quotidien Il Corriere della Sera : « Imprégné de la propension italienne à traiter de sentiments, Vita n’est pas sentimental. J’ose dire que Vita est un de nos meilleurs textes de ces dernières années. Longoni ne s’est pas limité à mettre en scène le drame d’une vie en état végétatif. Il fait beaucoup plus. Dans le drame il y a un conflit : entre le père, disponible à faire cesser cette torture, et la mère qu’à son tant aimé mari doit opposer sa foi : à ceux qui - elle dit - comme toi, croient que l’espoir est l’essence de l’horreur ».