Liam, dix-sept ans, est fan de la série Doctor Who. Lorsque sa mère décède, il est contraint de quitter Londres pour revenir vivre dans une petite ville des Valleys, une région du pays de Galles, chez son père qu’il connaît à peine et dont le surnom n’est pas « Vile » » pour rien. Secrètement amoureux de Jen, fan comme lui du Doctor Who, Liam l’invite chez lui à venir voir plusieurs épisodes de la série. Jen découvre l’univers rustre dans lequel évolue Liam, aux côtés de son père et de sa compagne Suze. Choquée de le voir ainsi malmené depuis des mois, elle le pousse dans un premier temps à quitter ce foyer instable. Mais une pluie violente l’oblige à passer la nuit chez lui. Maladroit, mal conseillé par son père, Liam va tenter de coucher avec Jen. Le lendemain matin, l’idylle naissante entre les deux adolescents est brisée. Jen tente d’expliquer à Liam qu’elle n’était pas d’accord avec cet acte. Liam va prendre une décision surprenante.
Violence et Fils est une pièce redoutablement bien construite : elle a pour cadre les Valleys, ancien bassin minier du pays de Galles, ravagé par la drogue et le chômage (l’un des taux les plus élevés du Royaume-Uni), pour personnages principaux trois membres d’une famille recomposée : Rick, le père, Suze, la belle-mère et Liam, le fils. Rick est violent, il boit. Suze subit son comportement. Il semble en être ainsi dans cet environnement qui offre peu d’échappées possibles. Le fragile équilibre de cette famille bancale va être perturbé par l’arrivée de Jen, jeune fille que Liam aimerait bien séduire. Mais Liam ne sait pas s’y prendre avec les filles. Il va alors demander de l’aide à Rick qui pense bien faire en lui donnant des conseils. Et sans doute va-t-il commettre l’irréparable.
On retrouve dans cette pièce l’écriture puissante et moderne de Gary Owen, sa maîtrise des dialogues et son humour corrosif. Comme toujours, ses pièces s’intéressent aux plus défavorisés. Comme souvent, le personnage central est jeune, car Gary Owen sait mieux que quiconque pénétrer dans l’esprit tourmenté des adolescents. Comme souvent aussi, sa pièce n’aborde pas le problème de la crise sociale frontalement, mais par le prisme d’une famille minée par des valeurs machistes, microcosme sociétal dont on devine qu’il porte les marques d’une autre violence, plus diffuse, plus mondiale.
Pour la première fois, Gary Owen a écrit un texte respectant la règle aristotélicienne des trois unités de temps, de lieu et d’action, cette contrainte ajoutant au sentiment d’oppression créé par la pièce.
Ainsi, la pièce traite-t-elle à la fois des relations amoureuses à l’adolescence, de la transmission des parents envers leurs enfants, du conditionnement familial, mais enfin et surtout, et d’une manière totalement inattendue et éminemment puissante, de la notion de consentement.