Il s’agit d’un monologue pour une actrice d’une petite trentaine de pages, écrit en 2006. Ce texte été mis en scène au Théâtre National Dona Maria (Lisbonne), en 2009. Abel Neves crée une fois de plus un personnage complexe, tiraillé entre force et fragilité. La rupture du contacte avec le monde extérieur (« Valda » est enfermée dans sa maison familiale, son mari l’interdit de sortir et, à l’image des chiens qu’il tue, elle porte une laisse qu’il utilise pour l’attacher lorsqu’il sort) est à l’origine d’un discours presque schizophrène. En effet, Valda nous propose différents points de vue sur sa vie, sa condition de femme et de mère, en multipliant les adresses : à des personnages imaginaires, à son mari qu’elle vient de tuer, au public… L’urgence de « tout dire » (la souffrance et le bonheur, la haine et l’amour), le besoin de dénoncer, enfin, les atrocités - « l’extermination » - pratiquées et défendues par son mari, crée une sorte de vertige discursif très rythmé, un récit de vie subtil et lancinant qui impose un temps théâtral de la mise au point et de la prise de distance sans jamais renoncer à la part du dramatique.