Né en 1981 dans la province de Deykundi, Kaveh Ayreek a cinq ans quand sa famille, en pleine guerre, trouve refuge à Téhéran en Iran. Privé de formation car afghan, il devient tailleur et maçon. En 2001, il se rend à Hérat pour acheter une terre. Le vendeur pachtoun lui dit : « Je te vends cette terre mais jamais elle ne t’appartiendra ».
Il réalise alors qu’il sera toujours assigné à la marge, privé de droits en tant qu’afghan en Iran ou comme hazara (minorité ethnique chiite) en Afghanistan. Il retourne en Iran, intègre une compagnie de théâtre de réfugiés afghans puis l’Association des artistes afghans. Il joue, met en scène, écrit et suit des formations.
En 2008, il rentre en Afghanistan, conçoit des films pour la campagne présidentielle et intègre les cercles de jeunes artistes et intellectuels de la capitale. Artiste engagé et défenseur des Droits de l’homme, il monte un spectacle avec des toxicomanes en sevrage, un autre tiré du Petit Prince de Saint-Exupéry, réalise des courts métrages et documentaires.
Avec sa compagnie Mime Theater Group, Kaveh Ayreek réécrit des mythes traditionnels (Shirin, Siah-Muy et Djalali) monte un théâtre d’ombre et de marionnettes et anime des ateliers pour les populations déplacées.
Interpelé par les violences quotidiennes, il élabore des performances urbaines : Siah o Sefid (Noir et Blanc) où il rejoue l’attentat suicide survenu en plein mariage, Mosaferân (Les Passagers) en réaction à une prise d’otage ou encore Ghorbâniân (Victimes) évoquant l’attaque survenue dans un restaurant libanais. En 2014, quand la sécuritée du pays semble résolument abandonnée, il pense à retourner en Iran mais là encore il ne serait pas libre. Face à la désillusion et une société où règne le chaos, née l’idée de la pièce camedân-e xâli (La Valise vide) qu’il finit d’écrire en 2020 (février).
Une installation à partir de sa performance urbaine Victimes a été présentée dans l’exposition Kharmohra, l’Afghanistan au risque de l’art au Mucem (Marseille, 2019-2020).
Kaveh Ayreek et son épouse ont été évacués en France quelques jours avant la prise de Kaboul par les talibans du 15 août 2021. Le couple vit actuellement à Bergen en Norvège.
Une première version de La Valise vide a été écrite en 2014 par Kaveh Ayreek. La pièce n’a jamais été donnée en Afghanistan. Pourtant, les rôles ont été distribués, les répétitions ont eu lieu mais pour des raisons sécuritaires, et parce que les acteurs, petit à petit, prenaient la route de l’exil, la création de la pièce La Valise vide n’a pu aboutir.
Shirin, Siah-Muy et Djalali – il s’agit d’adaptation de mythes traditionnels.