À propos de David Hare
Né à St Leonards-on-Sea en 1947, David Hare fait partie de la seconde génération de dramaturges politiques (après celle de John Osborne et d'Arnold Wesker) qui commence à écrire dans les années 1970 en Angleterre. D'abord situé radicalement à gauche, il fonde avec Howard Brenton la compagnie « Portable Theatre » pour laquelle il travaille de 1968 à 1871, et qui se propose de faire descendre le théâtre dans la rue. C'est là qu'il produit sa première pièce, Slag (1970). Les deux dramaturges cosignent ensuite un certain nombre de pièces (Lay By, 1971 ; Brassneck, 1973 ; Pravda, 1985...) qui donnent forme à ce théâtre très proche de l'agit-prop, dans sa technique comme dans son idéologie. Fanshen (1975) marque pour David Hare le point indépassable d'une telle esthétique : dans cette pièce construite en tableaux, à la manière brechtienne, des personnages s'adressent directement au public pour lui expliquer les moments clés de la révolution chinoise.
Il est ensuite dramaturge résident au Royal Court Theatre (1970-71) – bastion du théâtre expérimental où il se livre à des condamnations sans appel du capitalisme (Knuckle, 1974) - puis au Notthingham Theatre (1973) mais dès la fin des années 1970, Hare va se dégager de l'étiquette politique radicale et accepte d'écrire pour les grands théâtres nationaux. Entre 1978 et 1997, une douzaine de ses pièces, à commencer par Plenty, sont jouées au National Theatre, dont il devient le directeur associé en 1984. Il tente de concilier les exigences d'un théâtre « commercial » et ses propres partis pris esthétiques et politiques, de plus en plus libéraux. À partir de Teeth'n'Smiles (1975), l'exploration psychologique des personnages prend davantage d'importance dans ses pièces. Hare excelle dans l'art de cerner, en se concentrant sur un individu, les turbulences qui affectent tout un groupe social. Ces pièces se construisent autour de personnages féminins idéalistes (Plenty, 1978 ; Skylight, 1995 ; Amy's View, 1998) qui établissent les normes morales permettant de juger le degré de déviance de la société. Formellement, Hare revient à un théâtre qui se noue autour d'une histoire proche de la comédie de mœurs, même si celle-ci n'est qu'un prétexte pour explorer l'état de la nation. Son analyse s'attaque à tous les rouages de la société : respectivement l'éducation dans Skylight ; l'Église, la justice et le Parti travailliste dans sa trilogie (Racing Demon, 1990 ; Murmuring Judges, 1991 et The Absence of War, 1993) ; ou encore l'héritage (The Secret Rapture, 1988).
En parallèle de son activité théâtrale, Hare créé en 1982 une société de films, et a écrit des scénarios pour la télévision aussi bien que pour la télévision (BBC).
Si David Hare s'intéresse à l'état de la société et à la maladie du monde, c'est qu'il ne cesse de redéfinir la mission du théâtre. La propension autoréférencielle de son théâtre, évidente dans The Judas Kiss (1998), dédié à Oscar Wilde, ou encore dans The Blue Room (1998), réécriture de La Ronde de Schnitzler, transparaît plus subtilement dans cette pièce-limite qu'est Via Dolorosa (1998). Là, l'auteur-acteur-personnage occupe, seul, le centre de la scène pour recréer par son soliloque, la situation qu'il a vue de ses yeux au Proche-Orient. Ce qui se joue alors, ce sont à la fois l'analyse du conflit israélo-palestinien et le rôle de l'artiste dans la société. De même, David Hare a écrit deux autres pièces, Stuff Happens (2004) et The Vertical Hour (2006) qui ont pour thème la guerre en Irak et le rôle qu'y joua Tony Blair.
David Hare a été récompensé par un BAFTA Award (1979), le New York Drama Critics Circle Award (1983), un Ours d'Or au Festival de Berlin (1985), un Laurence Olivier Award et (1990), un London Theatre Critics' Award (1990). Il a été fait chevalier en 1998.
David Hare est marié à la styliste de mode française Nicole Farhi.