À propos de Innokenti Annenski
(1856-1909) Poète symboliste russe, auteur du recueil "Le coffret de cyprès" (1910). Helléniste. Traducteur d'Euripide, de Baudelaire, de Mallarmé.
On redécouvre aujourd'hui, en Russie mais aussi en Europe occidentale, la figure importante et méconnue d'Innokenti Annenski. Il est, au sein de la culture "fin de siècle" en Russie, un grand isolé : témoin critique et passionné du renouveau poétique et philosophique que connaît son pays à partir de 1890, il ne s'engage cependant dans aucun des grands mouvements littéraires - Décadence, Symbolisme - qui marquent son époque.
Savant helléniste, traducteur, critique perspicace de la prose (Dostoievski, Tchékhov) de son temps, c'est aussi l'un des poètes les plus originaux qui soient en Russie. Son oeuvre intense et brève ("Chants à voix basse", 1904 ; "Le Coffret de cyprès", 1910) annonce par la complexité de sa poétique (dislocation du langage, prosaïsme, mise en question du moi, allusivité, expérimentation) les recherches des poètes de la génération qui suit : Akhmatova, Mandelstam, Pasternak, qui tous voient en Annenski leur maître.
Poète-psychologue et post-dotoievskien, Annenski est peut-être le seul poète du subconscient en terrain russe. Il hérite de façon privilégiée de l'intonation et des thématiques des poètes français ("Parnassiens" et "Maudits"), dont il est un traducteur exigeant. Proche par son inspiration de Cros, de Corbière, de Laforgue, il greffe la tradition poétique française sur celle de sa langue et de sa culture, méritant ainsi le surnom de "Mallarmé russe".
L'oeuvre dramatique d'Annenski (quatre pièces sur des sujets antiques) est directement en prise sur ses recherches d'helléniste érudit et sur son long travail de traducteur d'Euripide.
Notice rédigée par Hélène Henry-Safier