Revenu du front amnésique, un soldat est alité dans un centre de réhabilitation de Kyiv. À son chevet, une femme lui montre des photos de famille. Des souvenirs surgissent de la mémoire mutilée de l’homme qui peine à accepter cette nouvelle identité. Dans un second acte, le couple se retrouve dans une maison de campagne encombrée d’albums photos et de livres. A partir d’objets, Roma et Bohdan construisent leur histoire, depuis la Seconde guerre mondiale et la découverte du lac Amadoca. Confronté au désir de l’homme d’apprendre la vérité, le couple est invité sur un plateau de télévision lors du quatrième acte. Peut-on cicatriser la mémoire ? Quand elle est efficace, la fiction façonne jusqu’à l’identité de tout un pays.
Sofia Andrukhovytch a écrit un roman monde localisé en Ukraine, entre la Galicie et les territoires de l’Est, qui se déploie sur quatre générations de personnages et explore l’histoire culturelle ukrainienne des XIXe et XXe siècle. La densité du récit nous a amené à proposer à Sofia d’adapter conjointement son roman en texte dramatique. Il s’est avéré que Sofia avait l’envie d’adapter à la scène la ligne romanesque du soldat et de l’archiviste, deux personnages de son roman quelle proposait de suivre sur les différents lieux de leur histoire. Dans son sommeil, Bohdan doit parler une langue différente de Roma. Dans le roman les langues concernées sont le russe (pour Bohdan) et l’ukrainien (pour Roma), et nous avons convenu de faire coexister deux autres langues, la langue du public (le français) et la langue de l’autrice (l’ukrainien). Ainsi certains passages doivent être dits en ukrainien par le personnage masculin, face à un personnage féminin ne comprenant pas cette langue. Suivant les pays, la langue de la femme pourra être adaptée au public du spectacle, ou sous-titrée.
Enfin, le quatrième acte devra être enregistré pour donner la sensation que l’émission de télévision a lieu dans la tête des personnages. Les différents témoins et la présentatrice apparaissant lors de cet acte ne pourront apparaître sur le plateau, ce sont des voix.