Six personnages, dans une société malade. Six frères et sœurs dont l’un est malade. Leurs liens familiaux ne tiennent plus que par les croyances et coutumes auxquelles ils s’accrochent : autorité, racisme, sexisme… dans ce bourbier chacun joue et rejoue le rôle dont il a hérité. Et qui doit mourir, mourra.
L’autrice navigue entre un ton mythique et des passages très quotidiens. Elle fait s’entrechoquer deux langues. Ce qui confère à la pièce une dimension extrêmement comique, absurde voire grotesque par moments. On ressent cependant toute la tendresse que lui inspire ces personnages, enfermés dans leurs stéréotypes et qui ne cessent d’en chercher la porte de sortie.
On pourrait même croire que l’autrice se représente elle-même dans le personnage de l’Une, celle qui observe, écrit, prend note, s’écarte de la réalité pour rendre la fable plus juste. Celle qui crée son « œuvre » au fil de la pièce comme une mise en abîme non achevée. Car l’œuvre en question est aussi l’enfant qu’elle porte puisque l’Une l’assure : « les mères écrivent leurs enfants à leur image ».