Coney Island Avenue, au fin fond de Brooklyn, le cœur de l'Amérique version envers du décor : "Un monde de Sikhs, de Turcs, de Russes, de Juifs, de Musulmans, d'Italiens, d'Asiatiques, d'Afro-Américains", un paysage urbain en pleine mutation où surgissent un jour pour disparaître le lendemain une mosquée, un burger king, un marchand de légumes kasher, etc, etc…
C'est entre autres dans ce quartier miséreux que, depuis des générations, le rêve américain est venu s'oxyder et dépérir.
C'est ici aussi que tous les jours ce rêve se reconstruit, grâce peut-être à "l'Arbre du Paradis", cadeau du macadam qui se nourrit de détritus et n'aime que les pauvres, grâce surtout à tous ces habitants hétéroclites qui s'inventent au jour le jour un avenir de bouts de ficelles :
Oui, dans ce quartier métaphorique, ça aime, ça gueule, ça chante, dans toutes sortes de langues et de milliers de façons, mais surtout, ça essaie à toutes forces d'appartenir et de s'approprier un espace à soi. D'ailleurs, il en est même qui parviennent à construire des maisons et des quartiers entiers avec des billets de loterie périmés. C'est tout dire.
Pièce écrite en hommage au metteur en scène italien Pippo del Bonno et à la chorégraphe argentine Constanza Macras, Coney Island Avenue est une pièce qui s'inscrit d'emblée dans une modernité scénique, comme d'ailleurs l'ensemble de l'œuvre de Charles Mee, compagnon de route des meilleurs parmi les metteurs en scène et les chorégraphes américains actuels.
Plus qu'une œuvre littéraire, la pièce s'affirme avant tout comme une écriture scénique censée se compléter par la musique, l'image (qu'elle soit réelle ou virtuelle), et surtout
Coney Island Avenue telle que je l'ai disons "interprétée", passée au moule de mon propre imaginaire lors de sa traduction en français est ainsi devenue une "pièce-paysage", une promenade sensible dans ce quartier de Brooklyn qui est un véritable laboratoire de l'américanité, une série de variations sur la vie de ses hétéroclites et multicolores habitants.