La Trilogie est l’une des expériences les plus importantes du théâtre italien de la deuxième moitié du vingtième siècle. Dans cette trilogie, texte après texte, Testori donne naissance à un mélange linguistique fait de dialectes de la Lombardie, de la Brianza, de la Vénétie, fait de néologismes, de paroles étrangères et de langues anciennes, faits de suffixes propres à l’idiome de Testori… C’est une puissante langue théâtrale qui prend forme, comparable aux créations de Dario Fo ou à la langue napolitaine de Eduardo de Filippo. Ce mélange, en effet, donne vie à une langue matière, à une langue-nerf, créatrice d’images. Genet, Queneau, Vian figurent parmi les auteurs qui ont pu inspirer Testori et la présente traduction d’Edipus. Testori accomplit à partir du langage standard une opération de désarticulation et de ré-articulation pour créer une langue-corps originale. Cette création interroge la possibilité du Verbe à redevenir Chair. Avec véhémence, obscénité, provocation, impudeur, cette parole cherche son point de destruction. La langue est le véritable protagoniste de ce théâtre : c’est une langue-ventre, une langue-individu.