Le Cimetière de l'éléphante

de George Brant

Traduit de l'anglais par Dominique Hollier et Sarah Vermande

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : U.S.A.
  • Titre original : Elephant’s Graveyard
  • Date d'écriture : 2008
  • Date de traduction : 2016

La pièce

  • Nombre d'actes et de scènes : 1
  • Nombre de personnages :
    • 15 au total
    • Sauf quand le sexe et la couleur du personnage sont précisés, les rôles peuvent être joués indifféremment par des comédiens ou des comédiennes, et de toutes origines.
  • Durée approximative : 75mn
  • Domaine : Protégé. Jessica Amato/Gersh.

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Nous sommes en 1916. Un cirque. Une petite ville du Tennessee. Un mort. Et le seul lynchage connu d'un éléphant dans toute l'histoire des États-Unis.

L’auteur s'empare ici de l'histoire vraie et tragique de la pendaison de Mary, gigantesque éléphante d'Asie, à une grue ferroviaire, après qu'elle a malencontreusement, agacée, écrasé la tête de l'employé de cirque inexpérimenté mais tenace qui la conduisait lors de la parade. George Brant en fait un grand poème choral, où les gens de la ville et les membres du cirque racontent chacun leur morceau d'histoire, pris dans le rythme inéluctable de la tragédie, mais comme s'ils n'arrivaient toujours pas à y croire.

Poème choral à deux chœurs serait-on tenté de dire - villageois et circassiens ; dans chaque chœur, comme répondant à un appel à témoignage, des voix distinctes, variations symphoniques sur un thème tragique - et au centre, la plus présente bien que physiquement absente, Mary, l’éléphante.

Cette grande brute de Mary, qui ne connaît ni bien ni mal, nous renvoie à nos responsabilités d'êtres moraux, soi-disant supérieurs, et qui pourtant ne marchons toujours qu'au pain et au cirque.

Regard du traducteur

George Brant est un auteur d'une versatilité peu commune : à chaque pièce un univers, une forme, une langue, une thématique radicalement différentes (au point que chacune pourrait avoir été écrite par une personne différente). Et pourtant en cherchant bien, on retrouve une « patte » : la finesse avec laquelle il choisit la forme qui servira le mieux le fond, l’un nourrissant et se nourrissant de l’autre, la langue rythmée,  précise, économe, la pensée politique qui s’insinue délicatement, mine de rien, avec d’autant plus de portée.

Brant ne fait cependant la morale à personne, tout juste glisse-t-il dans la bouche d'un personnage que le lynchage de la bête restera dans toutes les mémoires, ternissant la réputation de la ville pour des décennies, quand le lynchage de dizaines de Noirs a, lui, été aussitôt oublié.

Le directeur du cirque qui croit surtout à la billetterie, la ballerine qui sourit pour faire oublier que sous un autre nom elle serait une pute, le grand gosse aux cheveux roux qui ne sait pas qu'il mourra de son amour du cirque et du désir d'un éléphant pour un morceau de pastèque, le pasteur à l'église désertée, la femme boueuse, les gamins qui se pissent dessus de trouille devant le monstre, et tous les autres, chacun a sa logique, chacun a ses raisons, chacun a le droit de choisir d'être là. Mais quel en est le prix pour chacun ?