Ivre de mots

de Frank Siera

Traduit du néerlandais par Esther Gouarné et Mike Sens

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Pays-Bas
  • Titre original : Spraakwater
  • Date d'écriture : 2012
  • Date de traduction : 2019

La pièce

  • Genre : théâtre onirique et philosophique
  • Nombre d'actes et de scènes : 34 scènes ou tableaux
  • Décors : non spécifié
  • Durée approximative : 60 mn
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Lors d’une journée insignifiante et froide d’avril, dans la petite ville balnéaire britannique de Sheerness, un homme surgit de la mer. C’est un inconnu, et il se tait. Il se contente de jouer du piano. Des mois durant, la claire Sheerness est sens dessus-dessous. Le monde entier finit par se pencher sur ce mystère. Qui est donc cet homme au piano, et pourquoi ne dit-il rien ? Frank Siera entreprend une recherche sur l’histoire réelle de ce pianiste silencieux. Un texte musical et philosophique, sous forme d’un récit, sur la beauté et le danger de la langue au sein des relations amoureuses et familiales.

Regard du traducteur

Le potentiel dramatique et spectaculaire de ce texte réside entièrement dans l’utilisation et le détournement du langage, du rythme, des mots. Cette pièce donne le rôle principal à la langue, à ses pouvoirs bénéfiques ou destructeurs. Elle entraîne le lecteur dans une hallucination ou, en tous cas, une forme de rêverie, comme peuvent le faire certaines musiques, certains poèmes.  Elle donne envie d’être entendue, aussi, les yeux fermés. De ce fait, elle pose un défi à nos yeux passionnants, au metteur en scène ou à l’acteur. Les personnages, les images, les situations sont bien plus évoqués et suggérés qu’ils ne sont montrés, placés là pour être incarnés et mis en scènes. Les voix sont citées indirectement, rapportées : des voix sans corps, des présences-absences, appartenant à des personnages disparus surgis de la mémoire du pianiste ou à la foule anonyme de Sheerness. Cela crée d’un côté une sensation de multitude et de trop plein, un effet choral proche du brouhaha, et de l’autre une impression de vide, de manque et de solitude. Cette contradiction structurante, tant sur la forme que sur le fond, fait tout l’intérêt de la pièce. A travers elle se pose la question existentielle de la place du langage dans nos relations. Comment le débordement de mots ou l’absence de mots peuvent-ils détruire un amour, une relation, une famille, voire une vie ? Cette pièce est un voyage vers le mutisme, au bord du désespoir et de la folie, vers des rivages où les mots n’ont plus cours, engloutis par le courant.