lapider marie entrecroise quatre histoires, quatre temporalités, dont les points de contact sont révélés au fil des scènes.
Un homme et une femme, tous deux séropositifs, se querellent pour savoir qui des deux bénéficiera de l'unique traitement qu'ils peuvent payer. Ils sont interrompus par un enfant soldat, dont ils ne saisissent pas l'unique motivation – les tuer.
L'enfant soldat a été enlevé alors que sa mère le promenait. Elle et son mari tentent vainement de se rappeler les moments heureux avant l'enlèvement, mais n'arrivent qu'à se rejeter mutuellement la responsabilité de la perte de l'enfant. Celui-ci revient, toutefois changé à jamais. Le père confronte la mère et celle-ci avoue combien leur fils lui est devenu étranger.
Marie a tué l'enfant soldat pour venger le meurtre de ses parents. Elle est pour ça condamnée à mort par lapidation. Abandonnée de tout soutien, elle demande comme dernière volonté la possibilité de revoir sa sœur aînée. Lorsque celle-ci vient lui rendre visite, elle la supplie de venir à son exécution.
L’aînée et son petit ami, également tous deux séropositifs, se querellent à leur tour pour savoir qui bénéficiera de l'unique traitement qu'ils peuvent se payer – un écho à la génération précédente. L'aînée prend l'ascendant sur son petit ami, triomphante de pouvoir. Elle ne se rend pas à l'exécution de sa sœur, malgré sa promesse. La fin de la pièce montre la mère de l'enfant soldat à l'exécution, ramassant la première pierre.
L’utilisation de doubles pour certains des personnages (représentant leurs voix intérieures) renforce la violence des échanges, tout en autorisant distance et théâtralité. La partition, faite de silences, de phrases courtes et incisives, de répétitions, est extrêmement précise, et forme un tout éminemment théâtral. La rythmique syncopée, la pulsation du texte laissent beaucoup de place au jeu.