Le mardi est un jour court

de Svetlana Petriïtchouk

Traduit du russe par Polina Panassenko

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Russie
  • Titre original : Вторник короткий день
  • Date d'écriture : 2018
  • Date de traduction : 2024

La pièce

  • Nombre d'actes et de scènes : 17 scènes
  • Nombre de personnages :
    • 11 au total
    • 6 homme(s)
    • 5 femme(s)
    • Plusieurs personnages peuvent être joués par les mêmes actrices et acteurs.
  • Durée approximative : 60 mn
  • Domaine : protégé, agent Youri Shehvatov

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Au bord du fleuve Amour, dans la petite ville de Blagovetchensk, TataTania vit seule avec son fils de 24 ans, Andreï, qu'elle appelle affectueusement Andriousha. Andreï boit, ne travaille pas et vit grâce au peu d'argent que gagne sa mère. Tous les jours, TataTania se lève à 6 h 30 pour préparer à manger puis partir travailler jusqu'au soir dans la superette du coin. Un jour, Andreï demande à sa mère d'emprunter une somme importante en hypothéquant la maison. Il a renversé un homme en conduisant ivre et doit verser un pot de vin pour éviter la prison. Andreï assure qu'il sait comment rembourser l'argent. Une fois par semaine, TataTania devra simplement transporter un petit colis "avec de l'engrais". Désormais, tous les mardis, TataTania prend le bus pour traverser l'Amour et se rendre en Chine. En face de Blagovetchensk, de l'autre côté du pont, il y a la ville de Heihe. Là-bas, elle va chez le coiffeur, fait du lèche-vitrine, mange des nouilles et échange quelques mots avec un homme qui lui est sympathique avant d'aller récupérer un colis qu'elle ramène avec elle à Blagovetchensk. Peu à peu, TataTania devient le maillon d'un trafic de drogue. Un mardi, elle est arrêtée à la frontière, sur le pont qui enjambe l'Amour. Son fils l'a dénoncée pour éviter d'aller lui-même en prison. Une fois en prison, TataTania continue de trouver des justifications à l'absence et aux agissements de son fils.

Regard du traducteur

L'amour peut-il être aveugle et inconditionnel ? Constitue-t-il une circonstance atténuante pour le mal commis en son nom ? À travers la figure de TataTania qui, pour garder son fils près d'elle, s'enfonce peu à peu dans la banalité du mal, Le mardi est un jour court questionne la notion même d'amour maternel. Au-delà de l'histoire d'une relation mère/fils et de la peinture sociale d'une petite ville de Sibérie, la pièce questionne la frontière entre le bien et le mal, et la notion de sacrifice maternel héritée de la littérature classique russe.

TataTania est une femme seule qui travaille du matin au soir et gagne à peine assez pour vivre. Elle est malmenée par un fils adulte infantile qui vit à ses crochets et auquel elle passe tout : des insultes à l'homicide en passant par les coups et les beuveries. Parmi les personnages de la pièce, trois personnages féminins proviennent de la littérature classique russe. Trois figures de mères qui viennent mêler leurs voix à celles de TataTania et s'en faire l'écho. Il y a Pelagéia Nilovna Vlassova, personnage principal du roman de Gorki, La Mère : à la fois symbole de misère et de courage, elle se fait arrêter par la police au moment où elle transporte dans son sac les tracts portant le discours révolutionnaire de son fils. Il y a Madame Prostakova, mère du "petit Mytrofan" de la comédie Le Dadais de Fonvizin : Prostakova adule et protège de tout son fils stupide, gâté et fainéant. Pour le marier avec l'épouse de son choix, elle ira jusqu'à se rendre coupable d'un enlèvement. Et il y a Poulkheria Alexandrovna Raskolnikova de Crime et Châtiment de Dostoïevski : la mère de Raskolnikov n'arrive jamais vraiment à admettre le crime de son fils et l'idéalise aveuglément. Le personnage de TataTania se fait héritier de ces trois figures de mères sacrificielles.

Tout au long de la pièce, on attend que TataTania ouvre enfin les yeux sur les agissements de son fils mais le dessillement tant espéré n'arrive jamais. On finit par faire le parallèle entre cet amour aveugle, inconditionnel, et celui qu'exigent de leurs peuples les États totalitaires. On pense alors à la phrase de Dürenmatt : "L'État se donne toujours le nom de patrie quand il s'apprête à commettre un crime".