Le regard du chat

de Alejandro Jornet

Traduit de l'espagnol par Rosine Gars

Écriture

  • Pays d'origine : Espagne
  • Titre original : La mirada del gato
  • Date d'écriture : 1998
  • Date de traduction : 2002

La pièce

  • Genre : Comédie
  • Nombre d'actes et de scènes : 5 parties de durée inégale
  • Décors : L’intérieur d’une maison, un cabinet de psy, extérieur
  • Nombre de personnages :
    • 5 au total
    • 1 homme(s)
    • 4 femme(s)
  • Domaine : protégé

Édition

Résumé

Un homme est mort : il s'est tué en moto. Trois femmes sont réunies pour le veiller : Africa, sa compagne, Adela, son ex-femme et Lara, leur fille. A cette veillée déjà fort peu conventionnelle, vient se joindre Emma, maîtresse occasionnelle du défunt et psychiatre de Lara. Chacune va nous livrer ses pensées et points de vue dans des monologues suivis de scènes dialoguées qui nous révèlent leurs réactions face à la situation et les unes par rapport aux autres. Un homme, Gérard, qui a ouvert la pièce lui aussi par un monologue -et qui n'est pas le défunt, mais on ne le découvre que plus tard- fera irruption dans la veillée des quatre femmes, à la suite d'un léger accident de… moto survenu face à leur maison. Il partira ensuite finir "galamment" la nuit avec Emma, au cabinet médical de cette dernière, où Lara débarque également, après le départ de Gérard. On retrouve les trois femmes (moins Lara qui a trop forcé sur les somnifères et qu'elles récupèreront plus tard) le lendemain, après l'enterrement. La pièce se termine sur un monologue de Gérard, tandis que les femmes trinquent à leur propre santé, ayant ainsi le "mot de la fin".

Regard du traducteur

Le résumé un peu sec n'en laisse peut-être rien paraître, mais… c'est drôle et attachant, j'ai envie de dire "insidieusement attachant" et original parce que Jornet revivifie en quelque sorte tous les poncifs –tels que "les hommes et les femmes", le vieillissement, le sexe, l'alcool, le fossé des générations, la solitude, la rivalité et aussi la solidarité féminine- par l'acuité d'un regard sans préjugé ni mièvrerie, désenchanté, certes, mais plein d'humour. Le thème de la pièce pourrait être les différentes sortes de relations affectives possibles entre un homme et des femmes. Ou encore, les relations qu'il peut y avoir entre ces femmes après la mort de l'homme en question. Il s'agit ici, plus précisément de la "libération" des femmes dans le cadre familial, dans la vie privée plus que sociale. La famille est un sujet qui intéresse l'auteur : "l'invention la plus perverse de l'histoire de l'humanité", selon lui. D'autre part, la construction même, atypique, de la pièce, fait de ce trublion mystérieux une sorte d'électron libre, à la fois présent et absent dans les scènes de monologues des femmes, où ses pensées et actions apparaissent au début sous forme de didascalies (… qui doivent certainement poser un problème de mise en scène, d'ailleurs!). Signalons encore la construction originale, l'alternance des monologues et des dialogues aux tons et styles variés, qui nous permettent d'apprécier les différentes facettes de l'art de l'auteur et sa maîtrise du rythme dans le déroulement de l'action dramatique. C'est une histoire presque sans intrigue qui pourtant commence par nous intriguer avant de nous "embobiner" pour nous lâcher finalement, un demi-sourire aux lèvres, l'esprit vif et le cœur gros… mais pas de tristesse.