Zinnie Harris a écrit une trilogie d’après L’Orestie, d’Eschyle. Il s’agit ici de la première partie. La guerre de Troie vient de prendre fin. Le chœur nous raconte le passé, les préparatifs de guerre, Iphigénie qui remplit une petite valise de simples pour donner force et courage à son père en partance, puis son meurtre atroce. Iphigénie qui revient en fantôme hanter sa mère durant les dix années d’absence d’Agamemnon. Clytemnestre s’est abrutie de fêtes et d’alcool en attendant le retour du héros. L’annonce de la fin de la guerre la dessoule d’un coup et c’est la tête très claire qu’elle prépare froidement sa vengeance et le meurtre de son mari. Lors de sa rencontre fortuite avec Cassandre, l’esclave sexuelle d’Agamemnon, elle y voit quelque part une sœur d’infortune qu’elle voudra épargner et ne tuera que sans le vouloir.
Zinnie Harris réécrit L’Orestie du point de vue des femmes et des filles (ici, Iphigénie, Clytemnestre, la servante Ianthé, Électre et Cassandre), ce point de vue toujours absent des épopées classiques. L’écriture moderne, le mélange de détails anachroniques (la fête avec karaoké ou les caméras qui sont en place pour filmer le retour du héros dans une grande opération de communication), l’humour toujours présent en filigrane dans le drame en font une pièce éminemment puissante et singulière.