Dans un paysage rompu, dévasté, où se mélangent vestiges en ruine et végétation ravagée, trônent un gigantesque réfrigérateur et une immense bibliothèque.
Un homme en lutte suprême se prend pour Constantin Paléologue. Il habite le réfrigérateur dans lequel il s’adonne à l’anthropophagie avec la complicité d’une femme-tueuse qui le fournit en victimes uniquement masculines. Quatre autres personnages font leur apparition, deux nouvelles femmes dont une poupée est la fille-aveugle de la seconde Fotini, qui elle-même est la sœur de la tueuse Anastasie et deux nouveaux hommes dont le plus jeune Romanos Dragase, est le fils de la tueuse et de l’homme Théophile Dragase, qui est le mari-assassiné, et n’apparait que comme un fantôme, c'est-à-dire invisible pour les autres.
Mais les choses ne sont sans doute pas celles qu’elles sont. En effet, le réfrigérateur est appelé Sainte-Sophie ou Kaaba.Tout se construit de la division ; l’homme Constantin Paléologue, s’appelle aussi Fernase et vit avec un traumatisme d’enfance dans le même temps que l’histoire passée, de la chute et de la prise de Constantinople par Mehmet Le Conquérant.
L’un et l’autre ressurgissent d’entre les mots, qui d’une phrase l’autre font présent le passé, relient l’extérieur avec l’intérieur, l’historique avec le privé et dressent de l’absence, un espace d’épreuves et d’émotions en une actualité de métamorphoses.Comme si les gestes humains voulaient se regarder et se rencontrer et se retrouver par delà les abyssaux intervalles du temps.
Tout ne serait-il que brisé ? Qu’à cela ne tienne, car de l’espace vacant entre les évènements, naissent les choses d’un fond commun dont l’issu est le dépassement des genres et des conflits : christianisme et islam, orient et occident, histoire et faits divers. Pour cela, des bornes d’inaperçus et d’invraisemblances se franchissent afin que les gestes du temps révolu et ceux du présent se juxtaposent et s’étreignent comme des contemporains.