À travers ces deux pièces, Bruckner vise le vertige de vivre et les petites compromissions qui rendent l'existence humaine si magnifique et méprisable. Elles sont livrées dans de nouvelles traductions dédiées aux scènes d'aujourd'hui qui rendent justice à ce dramaturge majeur. En dialoguiste hors pair, il use d'une langue précise et directe qui accentue l'actualité et la modernité sidérante de son théâtre.
Dans Maladie de la jeunesse, Marie se prépare à fêter son doctorat en médecine, à " enterrer sa vie de jeune fille " et à passer à l'âge adulte. Dans une pension autrichienne du début des années 1920, gravitent étudiants et oisifs, mais c'est la porte de la vie qui se ferme : leur vague à l'âme le dispute à un vrai désespoir entretenu par des manipulateurs qui souhaitent profiter de cette jeune chair. Cette pièce à la précision clinique montre l'effondrement des certitudes de ces jeunes gens.
Dans Les Criminels, datée de 1928, l'auteur fouille
l'âme humaine en observant la vie d'un immeuble ouvert en plan de coupe.
Les logements s'éclairent tout à tour et les spectateurs assistent au
cheminement de certains habitants vers un crime. Puis les procès des
protagonistes se tiennent dans différentes salles d'audience. Une fois
que la justice des hommes a passé, les personnages se retrouvent dans
l'immeuble pour rendre des comptes.